«Ces féroces soldats», faire la guerre malgré soi

Quand Joël Egloff voit le jour, un quart de siècle a passé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Son père, qu’il n’a donc jamais vu en militaire, y a combattu. C’est à lui qu’il s’adresse dans Ces féroces soldats, un récit intime, fondé sur des interrogations précoces du narrateur quant au passé familial en Moselle, zone annexée par l’Allemagne nazie: «Tu n’aimais pas les armes, ni les vraies, ni les factices avec lesquelles, enfant, je pouvais jouer. Tu n’aimais pas être mis en joue, même par un jouet, tu n’aimais pas quand je le faisais, tu disais que ça ne se faisait pas, qu’on ne faisait pas ça, même pour jouer, qu’on ne vise personne, jamais.»