Maudites varices!

Les varices, en plus d'être disgrâcieuses, peuvent être douloureuses. © iStock
Les varices apparaissent lorsque les veines superficielles des membres inférieurs ne font plus leur travail correctement. Inesthétiques, elles peuvent également être douloureuses et causer des complications. Tour d’horizon des traitements possibles.
Les veines ont pour mission de ramener le sang qui a irrigué les organes vers le cœur. Il s’agit du fameux retour veineux. Malheureusement, ce mécanisme est parfois paresseux et cela peut entraîner des varices. Les veines sont alors dilatées et les valvules qui empêchent le sang de refluer vers les pieds (sorte de clapets présents tout le long de la veine) ne sont plus étanches. Certaines personnes se plaignent de lourdeurs, de douleurs dans les jambes, elles ont parfois de la difficulté à marcher. «On ne connaît pas exactement les causes des varices, mais on sait que certains facteurs de risque influencent leur apparition, explique le Dr Jean-Michel Zabot, spécialiste en chirurgie vasculaire, cardiaque et thoracique à la Clinique de Genolier (VD). Parmi eux, l’obésité, le tabagisme, l’alcoolisme mais aussi un travail qui consiste à piétiner toute la journée — comme celui de serveur ou d’hôtesse de l’air — certains sports comme le squash ou ceux qui impliquent d’être longtemps assis, comme le canoé ou l’aviron.»
A noter qu’il existe un facteur familial, même si les varices ne sont pas dues à la présence d’un gène. Si les deux parents d’un patient en souffrent, il y a 90% de risque que ce dernier en développe aussi. L’âge est également un facteur de risque: il y a trois fois plus de patients de 70 ans avec des varices que ceux de 30 ans. Après 60 ans, cette maladie chronique touche 70% des personnes. Les femmes sont davantage touchées, bien qu’en vieillissant les hommes les rattrapent. Les grossesses font également partie des facteurs de risque, tout comme la constipation chronique ou des vêtements trop serrés. Enfin, les personnes ayant les pieds plats sont davantage touchées, car le retour veineux est moins bon.
Mesures préventives
«Malheureusement, il n’existe aucun traitement médical pour soigner les varices, poursuit le Dr Zabot. Une fois que les valvules sont atteintes, on ne peut rien faire pour qu’elles retrouvent leur étanchéité. Il est en revanche possible de retarder une intervention par des mesures préventives.» Parmi elles, porter des bas de contention, surélever les pieds du lit pour améliorer le retour veineux pendant la nuit, se rincer les jambes à l’eau froide, éviter les saunas et autres hammams ainsi que les sols surchauffés, pratiquer la natation, l’aquabiking (cours collectif avec des vélos immergés dans une piscine), la marche nordique ou le vélo. Il faut éviter les excès d’alcool et de nourriture épicée.
«Si les varices d’un patient ne le font pas souffrir et qu’elles ne sont pas trop enflées, je peux lui prescrire, en complément des mesures préventives, des médicaments veinotoniques qui aident à renforcer le retour veineux, explique le Dr Adrian Stefanescu, spécialiste en médecine interne et angiologie à la Clinique de Genolier. Avant de proposer un quelconque traitement, je pratique toujours un bilan veineux complet avec un écho-Doppler. Ce n’est pas invasif et cela permet d’avoir une vue d’ensemble des veines superficielles mais aussi profondes et de proposer le meilleur traitement propre à chaque cas.» Et le Dr Zabot de conclure: «Le bilan angiologique est indispensable avant de proposer une conduite à tenir pour avoir une vision globale de la situation veineuse du patient et une cartographie de ses varices.»
Yseult Théraulaz
Enlever, brûler ou scléroser
Lorsque les varices deviennent handicapantes, il est conseillé d’intervenir afin d’éviter qu’elles ne se compliquent en phlébite superficielle ou en ulcère. Plusieurs techniques plus ou moins invasives existent. La crossectomie stripping est utilisée lorsque le tronc saphène interne (la veine de l’intérieur de la jambe, qui part du pied jusqu’au pubis) est atteinte. «Cette technique consiste à enlever l’intégralité de la veine, explique Jean-Michel Zabot. Elle donne de très bons résultats. Elle implique une anesthésie générale ou locorégionale. Elle peut se faire en ambulatoire, mais une nuit d’hospitalisation est préférable. La récupération post-opératoire est relativement longue.» Hématomes, bandage compressif pendant un mois, arrêt de travail sont à prendre en considération.
Le laser est aussi un outil utilisé pour traiter les varices. «L’endolaser est introduit dans la veine et il va la chauffer pour produire une thrombosclérose (NDLR, obstruction de la veine qui ne laisse alors plus passer le sang). La veine finit par disparaître, poursuit le chirurgien. Afin de ne pas brûler les tissus adjacents, on injecte autour de la veine un liquide froid et anesthésiant.» Cette intervention se fait en ambulatoire.
Une autre technique, la phlébectomie, consiste à couper en deux les petites veines qui partent en réseau le long de la jambe et à les retirer une à une à l’aide d’une sorte de crochet. Elle est également pratiquée en ambulatoire. Elle vient souvent en complément d’un stripping ou d’un endoéveinage.
Enfin, une alternative consiste à injecter dans la veine une mousse irritante qui va alors la scléroser de telle sorte à ce que le sang ne passe plus. Cette technique convient bien pour des varices à un stade débutant ou en complément à une autre intervention. Plusieurs séances, en ambulatoire, peuvent être nécessaires afin d’obtenir le résultat souhaité. «Il faut souvent combiner différentes approches pour traiter l’ensemble des varices d’un patient», précise le Dr Stefanescu. Mieux vaut consulter un angiologue lorsqu’on constate un gonflement au niveau d’une veine afin d’agir suffisamment tôt et limiter ainsi les dommages. (Y.T.)