Le réchauffement climatique plaît à certaines maladies

Le moustique tigre, responsable de transmettre le chikungunya, la fièvre dengue et le Zika, est désormais présent au Tessin.  © iStock

Diphtérie, poliomyélite, fièvre dengue ou choléra refont parler d’elles alors qu'on les croyait éradiquées... Le réchauffement climatique explique en partie ce retour.

Peste et tuberculose, malaria, fièvre dengue ne sont pas des maladies qui reviennent, car elles ne sont jamais vraiment parties… «La peste est endémique à Madagascar. Dans certaines régions, un grand nombre de rongeurs sont porteurs de cette maladie, affirme Gilles Eperon. Les touristes présentent un risque très limité, les hôtels et les lieux où ils se rendent sont rarement contaminés. Les travailleurs humanitaires, en revanche, peuvent être plus facilement touchés. La forme respiratoire de la peste est très contagieuse, mais, de nos jours, elle se soigne très bien grâce aux antibiotiques. Il faut cependant réagir vite.» Pour l’anecdote, c’est le Vaudois Alexandre Yersin qui a découvert le bacille de la peste en 1894. Il s’appelle d’ailleurs «Yersinia pestis»…

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Quant à la tuberculose, des cas sont répertoriés en Suisse régulièrement. En 2020, 2021 et 2022, il y en eu chaque année plus de 360. « C’est la maladie infectieuse qui tue le plus de personnes au monde, précise Gabriel Alcoba. Plus d’un million de morts chaque année, ce n’est pas rien. En Suisse, la population des réfugiés est souvent touchée et des cas sont parfois signalés chez des enfants gardés par des nounous immigrées. Les pays de l’ex-URSS sont aussi touchés.» Vincent Barras de rappeler: «La tuberculose a marqué les esprits au XIXe siècle. Elle a fait beaucoup de ravages physiques, mais elle touchait aussi aux valeurs sociales. Elle sévissait dans les milieux pauvres, dans la promiscuité des villes. La tuberculose était l’angoisse de nos aïeux. Une personne malade devait être isolée des autres et pouvait séjourner de longs mois dans un sanatorium. La donne a changé au milieu du XXe siècle grâce au vaccin et à l’arrivée des antituberculeux, médicaments contre le bacille de Koch, responsable de la maladie.»

Quant à la malaria (transmise par les moustiques infectés par le parasite responsable de la maladie), bien qu’elles ne soient pas très helvétiques, sa progression est inquiétante tant dans les zones tempérées subtropicales ainsi que dans le pourtour méditerranéen. Les deux médecins des HUG y voient d’une part un effet collatéral de la pandémie de coronavirus: les programmes de contrôle et de distribution des moustiquaires ont cessé, faute de temps et de moyens. De l’autre, le réchauffement climatique. Ce dernier a également permis au moustique tigre, responsable de transmettre le chikungunya, la fièvre dengue et le Zika, de se rapprocher de nos contrées. «Il est déjà bien présent au Tessin, même si aucune des maladies qu’il cause n’a encore été enregistrée. En revanche, il y a eu des cas de fièvre dengue en Espagne et en Italie», précise le Dr Alcoba. 

Et le Dr Eperon de conclure: «Ces trois maladies ne vont faire qu’augmenter dans nos régions, car le moustique est très bien adapté aux conditions météorologiques européennes et peut vivre en ville. Aujourd’hui, il n’y a pas de traitement spécifique, mais le risque de décéder est faible même pour les personnes présentant une forme sévère de la fièvre dengue pour autant qu’elles aient accès à un service de soins intensifs. En Asie du Sud-est, la dengue est la principale responsable des décès pédiatriques.» 

Un vaccin est en phase de commercialisation dans plusieurs pays endémiques, mais n’est pas encore disponible en Suisse. Reste à convaincre les populations à y avoir recours.

 

 

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