Les Pinceaux magiques: dix ans déjà!

Thérèse Pralong n'aurait jamais imaginé que les enfants aient autant de joie à peindre et à créer. © DR

L’association apporte une touche colorée dans le quotidien des enfants atteints de maladies graves depuis 1993. Aujourd'hui encore, sa fondatrice Thérèse Pralong continue à s’engager auprès de ceux qu’elle appelle ses artistes.

C’est à la veille de Noël, il y a tout juste dix ans, que l’aventure des Pinceaux magiques débute. Un enfant atteint d’un cancer cherche une idée de cadeau, à faire de ses mains, pour l’offrir à sa maman. Passionnée de peinture sur soie, Thérèse Pralong donne à l’époque des cours pour adultes. Elle lui propose de peindre un foulard. Le petit garçon s’enthousiasme, à tel point que Thérèse décide d’offrir cette possibilité à d’autres enfants malades. Sa vie change alors du jour au lendemain. «Au départ, j’avais estimé que mon engagement se limiterait à un ou deux jours par semaine, mais dès 1994, cela s’est transformé en cinq jours, se souvient la Martigneraine. Jamais je n’aurais imaginé que les enfants aient autant de joie à peindre et à créer. Tout cela n’aurait pas été possible sans l’accord et le soutien de mon mari et de nos enfants!» La pérennité de cette activité nécessite bientôt la création d’une structure. Soutenue et encouragée par les médecins, l’association voit donc le jour en 1997.

Le vécu d’une mère

L’engouement des petits malades, mais aussi du milieu hospitalier et des parents, est tel qu’à 66 ans, Thérèse poursuit toujours son engagement. «Je suis aussi la maman de deux enfants qui ont eu des hospitalisations à répétition. Heureusement, ils sont aujourd’hui en santé et j’ai le bonheur d’avoir cinq petits-enfants! Dans son enfance, mon fils aîné a dû être placé en isolement: je n’avais pas la possibilité de le voir. Cela a sans doute joué un rôle dans mon engagement… En fait, je suis très admirative de l’évolution des services pédiatriques depuis cette époque: l’enfant est considéré comme un partenaire, les parents sont davantage informés et les horaires de visite sont plus souples.»

Des rencontres extraordinaires

Au bénéfice d’une formation, Thérèse, Claudine, Laetitia, Teresa et Lara, se rendent plusieurs fois par semaine à l’Hôpital de Sion, au CHUV à Lausanne, aux HUG à Genève et à domicile, auprès d’enfants gravement atteints dans leur santé ou hospitalisés pour une longue durée. Deux autres animatrices se tiennent à disposition pour un éventuel remplacement. «Dans la lutte contre la maladie, les enfants sont parfois amenés à vivre beaucoup de déception. Nous, on n’a pas le droit de les décevoir: ils nous attendent de semaine en semaine!»

Chapeau, foulard, cravate, tableau ou autre: lors de sa première visite, l’animatrice montre à l’enfant l’objet qu’il peut réaliser. Celui-ci peint ensuite sur la soie le thème de son choix ou retient l’un des multiples motifs présertis par les bénévoles. Avec l’aide de ceux-ci, les animatrices reviennent la semaine suivante, avec l’objet terminé. «L’association m’a donné l’occasion de rencontrer des gens fantastiques. La collaboration avec les milieux hospitaliers est excellente et sans elle, notre travail serait plus compliqué. Une créatrice de bijoux m’a aussi proposé de faire des petits bracelets “réserve de courage” pour les enfants, lorsqu’ils doivent affronter une intervention médicale, énumère la Valaisanne. Une grand-maman, croisée lors d’une visite à l’hôpital, s’est aussi annoncée pour confectionner les chapeaux. Vous voyez: seul, on n’est rien…» Au total, une vingtaine de bénévoles et le comité travaillent pour l’association.

Du talent et de l’imagination

«Les enfants sont très créatifs, très spontanés. La peinture sur soie ne demande pas d’effort: les couleurs fusent. Il y a beaucoup de choses que l’enfant ne peut plus faire à cause de la maladie. Là, il crée avec ses mains un objet qu’il peut offrir et dont il est très fier. On est là pour mettre de la couleur dans leur journée, pour qu’ils s’évadent un peu du milieu hospitalier. Je n’ai plus l’occasion de peindre depuis le lancement de l’association, mais je découvre plein de talents! Et certains sont devenus de vrais artistes par la suite!»

«Il faut garder espoir»

Sur le tissu, les petits malades expriment quelquefois des sentiments très poignants. Ici, un enfant a représenté un papillon assis. «Je me repose avant de m’envoler, m’a-t-il expliqué.»
Thérèse, elle, voit d’abord la joie et la fierté des enfants que procurent ces moments de couleur dans leur quotidien. «Beaucoup pensent qu’on est dans la douleur, le malheur. C’est tout le contraire: je me sens au cœur de la vie lorsque je suis avec eux. Ils ressentent beaucoup de joie, de bonheur, même dans les moments difficiles.»

C’est encore avec beaucoup de pudeur et de respect qu’elle parle de la maladie et de son issue parfois fatale. «Tant qu’ils sont là, il faut garder espoir. Il y a aussi des rémissions inattendues. Une petite fille, atteinte de leucémie, a également fait une rupture d’anévrisme et elle s’en est sortie! Devant ces situations, on doit rester très humble. Il y a de petites choses que l’on peut faire, et d’autres auxquelles on ne peut rien changer. Lorsque je vois la souffrance des parents, je ne me permets pas de mettre en avant mes propres sentiments.»

Sandrine Fattebert Karrab

- Association Les Pinceaux magiques, 1920 Martigny, CCP 17-610190-8  www.pinceauxmagiques.ch
- L’action caritative le Sapin du Cœur aura lieu du 14 au 24 décembre 2013, au Centre Manor Monthey, où les clients sont sollicités à faire des dons. Pour chaque don de 5, 10 ou 20 fr., un cœur à la taille correspondante sera accroché sur le sapin installé dans le hall.

 

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