Journée mondiale de la santé mentale: comment va la vôtre?

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Que la santé s’évalue aussi en fonction de son équilibre mental n’est toujours pas entré dans les mœurs. Près d’une personne sur quatre en Suisse tait ses problèmes psychiques. Vive ceux qui trouvent les mots pour les dire. 

Elle n’en est pas à sa première provocation, l’ancienne agrégée d’histoire-géographie et ancienne journaliste, Madeleine Melquiond. Après avoir évoqué son alcoolisme (Longtemps, j’ai vécu avec une bouteille, Albin Michel), puis sa très mauvaise relation avec sa mère (Chère mère détestée, Max Mila), la septuagénaire s’est servie de sa tentative de suicide et de l’internement qui a suivi pour écrire un roman Violette au bois des fous, paru aux éditions Favre.  

Au-delà d’une série de portraits cocasses et tendres sur les pensionnaires croisés par Violette dans son hôpital psychiatrique, l’autrice montre comment on peut vite basculer dans le passage à l’acte. Car, le soir où Violette décide d’avaler l’intégralité de son flacon de somnifères, il ne s’est rien passé de particulier. Une dispute avec son copain, comme souvent. Mais soudain, son appartement se révèle douloureusement vide et silencieux. Et sa solitude beaucoup trop grande pour elle. Alors, d’un coup, sans y penser, sans l’avoir prémédité, elle commet un geste suicidaire. Par chance, Violette est secourue. Avant d’être expédiée chez les fous. Folle, Violette ne l’est pourtant pas.

On devine qu’elle est sensible et un peu trop poreuse aux aléas de la vie. On suppose qu’elle en a absorbés beaucoup des aléas et pas tous bien digérés. Alors, au fil du temps, une faille a fragilisé sa santé psychique. Un schéma banal, en somme. Qui concerne beaucoup d’individus. Mais rares sont ceux qui en ont conscience. Si la population suisse a appris à veiller sur sa santé physique, en respectant une certaine hygiène de vie et en allant consulter un médecin quand, à certains signes, il apparaît que son métabolisme ne tourne pas rond, elle n’a pas cette vigilance pour sa santé psychique. C’est ce qui ressort d’une récente étude suisse (*).   

 

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Devenir hypersensible aux changements, ne plus supporter les contrariétés de l’existence, même petites, connaître des moments d’abattement qui se prolongent, sont-ce des signes d’un dérèglement psychique ? Peut-être. Mais 69 % des personnes interrogées sur leur santé mentale disent « s’accepter comme elles sont »! Faut-il s’habituer à vivre sans appétence, sans allant, au prétexte qu’on serait peut-être une sombre nature ? Non, bien-sûr. Un mal-être qui se chronicise peut se transformer en dépression profonde longue à éradiquer. Voilà pourquoi il faudrait en parler. Hélas, aujourd’hui encore, plus d’un tiers de la population ne veut pas faire peser ses problèmes psychiques sur les autres et renonce à en parler, que ce soit à des proches ou à des professionnels.
 

La raison ? De la gêne. De la honte, même. Preuve que le trouble psychique reste dans les représentations de beaucoup de personnes, spécialement chez les plus de 80 ans, précise l’étude suisse, un marqueur de folie. La Journée mondiale de la santé mentale, le 10 octobre existe pour rappeler, notamment, que les troubles psychiques comptent parmi les maladies les plus fréquentes (si, si) et les plus handicapantes qui soient, si elles ne sont pas traitées. Elles sont même la principale cause de suicide (non assisté). Ce n’est pas Madeleine Melquiond, alias Violette, qui dira le contraire. 

 

Véronique Châtel

 

Violette au bois des fous, Madeleine Melquiond, Favre, octobre 2021


 

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