La cataracte, rançon d'une vie longue

Contrairement aux idées reçues, la cataracte n’est pas une peau qui pousse dans l’œil. © iStock
L'opacification du cristallin touche la plupart des yeux des plus de 75 ans. Une opération peut y remédier quand la vision est affectée ou qu'une hypertension oculaire s'est développée. Explications.
Parmi les désagréments du temps qui passe, il y a l’apparition de la cataracte. Ce trouble de la vision est la conséquence de l’opacification du cristallin. Ce dernier est en quelque sorte la lentille de l’œil. C’est lui qui permet de faire la mise au point afin que la vision soit nette à toute distance. Avec l’âge, ce cristallin devient petit à petit opaque et la personne commence à voir son environnement comme si elle regardait à travers une fenêtre fumée ou un voile. Contrairement aux idées reçues, la cataracte n’est pas une peau qui pousse dans l’œil. Elle n’est d’ailleurs pas forcément facile à déceler par autrui en scrutant l’œil d’une personne qui a une cataracte débutante.
La cataracte est la maladie la plus fréquente du cristallin. Elle ne survient cependant pas d’un coup, elle évolue progressivement. «En général, elle commence vers 50 ans, mais ne devient gênante souvent qu’après 60 ans, explique le Dr Daniel Roquelaure, ophtalmologue au Centre Ophtalmologique de la Gare à Lausanne et chirurgien ophtalmologue à Hirslanden Clinique Bois-Cerf. Les symptômes les plus fréquents sont une baisse de vision, un éblouissement qui est davantage gênant la nuit, une altération de la perception des couleurs et une vision double lorsque l’on regarde avec un seul œil. Lorsqu’elle commence, la cataracte ne se remarque pas forcément, car la vision devient moins bonne petit à petit.»
Multiples facteurs
Le principal facteur de risque est inéluctable: il s’agit de l’âge… La génétique joue également un rôle, tout aussi immuable. Viennent ensuite des facteurs environnementaux comme le tabagisme, une trop fréquente exposition au soleil, le diabète (surtout s’il n’est pas soigné correctement), une très forte myopie, la prise régulière et sur le long terme de médicaments à base de cortisone, des uvéites répétées (inflammation oculaire) ou encore un grave traumatisme au niveau de l’œil. «Certaines personnes vivent très bien avec une cataracte. L’œil est un organe sensoriel et chacun d’entre nous perçoit alors les éventuels troubles de la vision différemment, précise le Dr Daniel Roquelaure. Parfois, les patients viennent consulter car les tests obligatoires effectués après 75 ans pour savoir s’ils sont toujours aptes à conduire montrent que leur vision n’est plus assez bonne.»
Lorsque la cataracte ne permet plus de voir correctement, le chirurgien propose de l’enlever. «Il s’agit d’une opération qui se fait en ambulatoire. Le patient se rend à l’hôpital pour une demi-journée. Après l’avoir fragmenté à l’aide d’ultrasons, j’enlève le cristallin opacifié dont l’aspect est comparable à une lentille alimentaire de 9 mm de diamètre, pour le remplacer par un implant. Il en existe plusieurs types. Le plus courant est la lentille monofocale. Elle assure une vision nette de loin sans lunettes. Pour la vision de près, le patient devra cependant porter une correction adaptée. On peut aussi poser un implant multifocal qui permet de voir sans lunettes de près et de loin, mais il est plus cher et occasionne des halos autour des lumières. Cet inconfort est en général transitoire, mais nécessite un temps d’adaptation pour le patient. Il y a aussi des implants toriques qui permettent de compenser l’astigmatisme cornéen, ce qui n’est pas nécessaire pour tout le monde. Dans tous les cas, il faut faire une série de mesures biométriques de l’œil du patient afin de lui proposer l’implant le plus adapté.»
Quelques heures après l’opération, le patient rentre chez lui. Pendant cinq jours, il doit porter une coque de protection la nuit afin d’éviter que l’œil n’entre en contact avec quoi que ce soit. Il doit également mettre des gouttes antibiotiques et anti-inflammatoires pendant un mois. «Ceci afin d’éviter de faire une endophtalmie, à savoir une infection à l’intérieur de l’œil qui est très rare, mais ne peut être exclue, d’où le traitement préventif.» Pendant les deux semaines qui suivent l’intervention, le patient doit éviter de porter des charges lourdes ou de faire du sport. Enfin, il ne doit pas mettre d’eau du robinet dans son œil opéré, car elle n’est pas stérile et pourrait provoquer une infection. «La récupération visuelle postopératoire est différente d’une personne à une autre. Certaines voient très bien dès le lendemain de l’intervention, pour d’autres cela peut prendre plusieurs jours. En règle générale, après une semaine, la personne voit bien à nouveau.» Pour des raisons de précaution, il est préférable d’opérer un œil à la fois et de laisser passer environ deux semaines entre les deux interventions.
Yseult Théraulaz
Un implant pour la vie
Les implants étant très bien tolérés par le corps humain, il n’est pas nécessaire de les remplacer au bout de quelques années. Les patients les gardent alors à vie. En principe, la cataracte ne s’opère donc qu’une seule fois. «Il peut y avoir des cas de cataracte secondaire, précise le Dr Roquelaure. Cela arrive lorsque la partie postérieure du cristallin (appelée «capsule»), que l’on laisse volontairement en place lors d’une opération de la cataracte pour fixer l’implant, commence également à s’opacifier. Dans ce cas, il n’est pas nécessaire d’opérer à nouveau. Il suffit d’utiliser le laser, lors d’une consultation, afin de procéder à une découpe dans cette partie et rétablir la bonne vision. (Y. T.)