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Loisirs

Les seniors ont des passions et veulent vivre pleinement !

Blaise Willa, Directeur de publication et rédacteur en chef - sam. 01/12/2018 - 00:00
Nommé en janvier dernier à la tête de Suisse Tourisme, Martin Nydegger, 47 ans, veut développer un « tourisme sans obstacle ».
Né, comme il le dit, à deux pas du « Röstigraben », au pied du Jura bernois, le directeur de Suisse Tourisme, Martin Nydegger, invite les Romands à découvrir une Suisse alémanique inédite. Appenzell, par exemple, ces « Alpes fribourgeoises version alémanique » ou le pinot noir de Schaffhouse qui n’a rien à envier aux vins valaisans. Rencontre.   Que fait Suisse Tourisme pour les seniors ? Les seniors ont plus de temps qu’avant, ils aiment fréquenter la Suisse après avoir parcouru le monde dans leur jeunesse
Martin Nydegger, 47 ans est le nouveau responsable à la tête de Suisse Tourisme. © KEYSTONE / GAETAN BALLY

Né, comme il le dit, à deux pas du « Röstigraben », au pied du Jura bernois, le directeur de Suisse Tourisme, Martin Nydegger, invite les Romands à découvrir une Suisse alémanique inédite. Appenzell, par exemple, ces « Alpes fribourgeoises version alémanique » ou le pinot noir de Schaffhouse qui n’a rien à envier aux vins valaisans. Rencontre.

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-Que fait Suisse Tourisme pour les seniors ?

-Martin Nydegger : Les seniors ont plus de temps qu’avant, ils aiment fréquenter la Suisse après avoir parcouru le monde dans leur jeunesse, ils apprécient la qualité de vie et la sécurité. Cela dit, ils sont comme tout le monde : ils ont des passions et veulent les vivre pleinement. Une personne qui aime le VTT sera la même à 20 ou à 60 ans, elle rêvera d’assouvir sa passion dans les Alpes, mais prendra peut-être un vélo électrique. Nous visons donc des segments spécifiques, comme, par exemple, ceux des « amateurs de nature » ou « les fans de sports de plein air en été » qui répondent aux vrais besoins de tous les Suisses, y compris les seniors.

 

-Et que cherchent-ils, ces Suisses-là ?

-Ils connaissent leur pays à fond ! Ce qu’ils cherchent, ce sont des endroits inédits et secrets que nous pouvons leur faire découvrir. Nous n’allons pas les retrouver à Lucerne ou à Interlaken, mais dans le val d’Hérens ou dans le Jura, où ils n’ont peut-être jamais mis les pieds. Vous avez de magnifiques atouts en Suisse romande pour séduire les Alémaniques : le Musée Chaplin, Broc, la Gruyère ou l’œnotourisme que nous voulons encore développer. Les Romands, eux, partent aujourd’hui découvrir Appenzell.

 

-La barrière de röstis, ça existe encore ?

-C’est à cause de la langue qu’elle existe. Mais le tourisme ne connaît pas de barrière de röstis : seule l’envie de découvrir une autre culture nous pousse à passer les frontières. Au niveau mondial, le tourisme est le plus grand contributeur à la paix dans le monde.

 

-Où envoyez-vous les Romands en Suisse alémanique ?

-Appenzell, je l’ai dit : c’est génial, un peu comme les Alpes fribourgeoises, mais en version alémanique. Pas trop hautes et très authentiques. L’Emmental aussi. Et il y a de très beaux vins à découvrir, comme le pinot noir à Schaffhouse. Je peux aussi vous parler des Grisons — j’étais directeur de l’Office du tourisme à Scuol avant — et du Parc national, le plus vieux d’Europe !

 

-Parlons des visiteurs étrangers. C’est facile de leur vendre la Suisse ?

-Pas si simple : la Suisse n’est pas une destination de tourisme de masse. Il faut être prêt à payer le prix. L’Allemagne, les USA, la Grande-Bretagne et la Chine font partie du peloton de tête des marchés étrangers.

 

-Alors, comment faites-vous ?

-On parle de la nature, des montagnes, du paysage qui restent nos principaux atouts et que la Suisse fait tout pour préserver. Je viens de visiter 18 marchés dans le monde qui, tous, se sont montrés impressionnés par notre engagement en matière de préservation du paysage et de l’environnement, de recyclage, de transports en commun, en passant par l’encadrement légal. C’est peut-être normal pour vous, mais allez voir ailleurs …

 

-Et le fameux génie suisse défendu aujourd’hui par la swissness ?

-C’est capital pour nous : une sorte de mix entre qualité, crédibilité, sécurité et hospitalité qui fait la réputation de la Suisse. Ajoutez l’authenticité et la nature, et vous avez un atout majeur dans les mains ! En Chine, je crois qu’ils l’ont bien compris et l’apprécient. Cette Suisse qui ne connaît pas de changement brutal peut aussi représenter un havre de paix pour des touristes venus de pays parfois plus instables. L’Iran aurait un énorme potentiel, si les gens pouvaient voyager plus facilement.

 

-Et quand un canton comme le Tessin décide d’interdire la burqa, cela porte à conséquence dans notre pays ?

-Cette décision nous a fait craindre le pire. Pourtant, rien ne s’est passé.

 

-On le sait, la population mondiale va vieillir. Suisse Tourisme en tient-il compte ?

-Je l’ai dit, les seniors ne sont pas différents d’autres hôtes. Nous allons plutôt nous pencher sur la commodité des offres : tout le monde veut la meilleure expérience possible, plus d’accessibilité, ne plus perdre de temps avec les barrières de communication ou de transport. On a là beaucoup de progrès à faire et nous allons introduire une nouvelle rubrique sur notre site intitulée « Tourisme sans obstacles ». Cela n’est pas réservé aux hôtes handicapés, mais s’adresse en fait à chacun : on a tous besoin, un jour ou l’autre, de plus de facilité pour se déplacer …   

 

-La santé fait donc partie de vos préoccupations ?

-Oui, nous nous préparons du reste à de nouvelles demandes, concernant le tourisme de santé, qui est une branche en devenir. En Suisse, nous sommes capables et compétents dans ce domaine qui est très prometteur. Si, aujourd’hui, notre premier atout est le tourisme de loisirs, à 80 %, et le tourisme d’affaires, à 20 %, je suis certain que cela va changer avec le tourisme de santé.

 

-Qu’entendez-vous par tourisme de santé ?

-C’est beaucoup plus large que le simple bien-être : on commence avec les SPA et on finit avec les hôpitaux, en passant par la médecine esthétique, les check-up, la prévention, les thérapies, jusqu’à la médecine prédictive. Nous avons échangé avec des cliniques en Suisse sur un système holistique à mettre en place, ensemble. C’est un atout de taille. Avec la santé, on veut le meilleur et il n’y a pas de saisonnalité des séjours. Pour nous, ce segment est capital. Revenons en Suisse. On parle parfois de la qualité médiocre de l’accueil … Les Suisses sont très critiques avec eux-mêmes. Trop. Mais il y a des problèmes parfois dans les services ! Un restaurant qui ne sert plus à 20 heures … Je refuse de dire qu’il y a de gros problèmes. Dans l’ensemble, l’accueil est bon.

 

-Mais vous n’allez jamais dans les mauvais hôtels !

-Suisse Tourisme a réalisé, en 2017, un grand sondage auprès de 22 000 visiteurs venant de 130 pays en Suisse, et 81 % se disent très satisfaits. L’hospitalité est l’un des trois motifs principaux qui font venir les visiteurs en Suisse. Les Suisses, cependant, sont les plus critiques.

 

-C’est quoi, alors, le portrait d’un bon restaurateur ?

-Il a de la générosité et de la créativité, comme lorsque je reçois des amis à la maison. Cette tradition touristique a fait ses preuves : elle date de plus d’un siècle ! A titre personnel, comment vivez-vous les valeurs de Suisse Tourisme ? Vous en parlez avec vos parents ? Jusqu’à 20 ans, j’ai grandi et travaillé dur dans une ferme bernoise où mes parents habitent toujours. Une école de vie ! Aujourd’hui, nous discutons beaucoup ensemble et ils ont plein d’idées sur le tourisme (sourires) ! A leur âge (son père a 71 ans et sa mère 63 ans), ils sont probablement plus attirés par le tourisme européen, mais ils ne parlent pas de langues étrangères. Ils voyagent donc surtout en Suisse !

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