Les Romands partent au Nord pour les aurores boréales

Les voiles colorés des aurores boréales qui dansent au-dessus des têtes envoûtent littéralement les personnes qui ont la chance de les voir. Tantôt vertes, bleues, roses, violettes, voire jaunes, leurs teintes — qui dépendent du gaz ionisé et de la densité — confèrent au ciel un supplément de magie. Quand se produisent-elles? Lorsque les particules des éruptions solaires entrent dans le champ magnétique terrestre. Elles sont alors attirées vers le pôle Nord magnétique, où elles interagissent avec les couches supérieures de l’atmosphère — l’ozone, l’oxygène et les autres gaz protégeant la terre. L’énergie ainsi dégagée devient visible, mais le moment de leur apparition reste imprévisible. «Il faut être au bon endroit au bon moment, ce qui rend cet instant d’autant plus unique», explique Kathleen Deubelbeiss, de l’agence de voyage Kontiki, qui a envoyé près de 1600 Romands en Islande, en Norvège ou en Finlande durant l’hiver 2019-2020, dont beaucoup avaient pour rêve d’apercevoir des aurores boréales. «L’aurore n’a pas d’horaire, elle ne se commande pas: elle s’offre à nos yeux… ou pas! confirme Catherine Curty, Fribourgeoise de 50 ans qui a déjà réalisé 12 voyages dans le Nord et en a prévu un 13e en janvier prochain à Äkäslompolo, en Laponie finlandaise. Il faut donc être conscient qu’il n’y a aucune garantie d’en voir une et ne pas planifier son voyage uniquement dans ce but. Heureusement, cette partie du monde est de toute façon magnifique.»

SMS d'alarme 

L’agence Kontiki, spécialiste des pays nordiques, met même à disposition de ses clients une «alarme aurores boréales». «Vous recevez un SMS qui vous permet, quelle que soit l’heure, de vite pouvoir sortir au bon moment, note Catherine Curty. Cette application nous facilite la vie, car le ciel ne se dégage parfois qu’au milieu de la nuit.» Néanmoins, il se peut qu’il ne s’agisse que d’une faible trace verte qui reste bas sur l’horizon. «J’ai vécu cela à de nombreuses reprises, atteste-t-elle. Cela vaut pourtant toujours la peine de patienter un peu, dans la mesure où elle peut s’amplifier. En ce qui me concerne, ce n’est que après de nombreux séjours que j’ai eu la chance d’en voir une magnifique, qui a ensuite embrasé tout le ciel. Je me suis couchée dans la neige qui recouvrait un lac gelé, afin de profiter de ce spectacle. Ce qui me fascine, dans ce phénomène, c’est que, même s’il est expliqué scientifiquement, cela nous dépasse complètement en tant que petits humains. Et je n’ai qu’une envie: repartir tenter ma chance une nouvelle fois.» Car toutes les aurores boréales sont différentes. Elles peuvent durer quelques instants ou de nombreuses heures, être larges ou concentrées, diffuses ou très denses, lentes ou rapides. «En plus, elles sont nourries par des contes et des légendes, dont chaque pays à sa version, poursuit Kathleen Deubelbeiss. En Finlande, par exemple, elles seraient le fait d’un renard polaire, alors que, au Groenland, ce serait une apparition de l’âme des disparus.» Aussi mystique que magnifique.

Frédéric Rein