Noël chez soi et en musique

Maître de la Nativité de Castello (1445-1470), Italie. © Alamy

Les jours de décembre nous emmènent doucement vers Noël, période bénie pour écouter les chants, messe ou oratorio qui lui sont consacrés, Bach en tête. Notre sélection.

Pas besoin d’être pratiquant, ni même croyant, pour vibrer aux musiques innombrables que le service de Dieu a inspirées. Bach, à lui seul, en a écrit un tel nombre, et de si sublimes, que le philosophe et écrivain Cioran a pu dire: «S’il y a quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu.» La période de l’Avent est idéale pour s’en souvenir, même si Noël n’occupe qu’une place secondaire dans la liturgie après Pâques. Mais il est de coutume de jouer et d’écouter des œuvres chorales qui n’ont pas toujours été composées pour la circonstance. Voici une courte sélection d’enregistrements qui enjambe les siècles.

► Oratorio de Noël de Bach

A tout seigneur tout honneur. L’Oratorio de Noël de Bach est le tube du genre, avec ses pages jubilatoires, dorées à l’or de l’exaltation devant la naissance du Christ. Une pluie d’interprétations de référence se disputent le podium. Au sommet, le Flamand Philippe Herreweghe et son Collegium Vocale Gent: grandeur et humilité du geste, perfection du chœur et des instruments d’époque. L’enregistrement de 2018 n’a pas fait oublier celui de 1989, légendaire, porté par un élan spirituel plus immédiat (tous les deux chez Erato/Warner). 

► Le Messie de Haendel

Avec son célébrissime chœur Hallelujah (répété 70 fois), que l’on écoute debout dans les pays anglo-saxons, l’Oratorio 
de Haendel a été composé pour le temps de Pâques, mais la tradition veut qu’on le chante pendant le temps de l’Avent — sa première partie en tout cas, qui célèbre la naissance du Christ. Là encore, pléthore d’enregistrements où la plénitude chorale et le dynamisme inondé de lumière distinguent celui de William Christie et de son chœur et orchestre des Arts florissants  (Harmonia Mundi).

► La Messe de Charpentier

Surtout connu pour le célèbre chœur qui annonçait les programmes de l’Eurovision, Marc-Antoine Charpentier nous fait remonter d’un siècle: composée en 1690, sa Messe de minuit pour Noël est en partie basée sur des airs populaires de Noël. Magnifique mélange du profane et du sacré, cet ouvrage a été bien servi au disque, en particulier par William Christie, encore lui, toujours avec ses troupes des Arts florissants, en couplage avec le plus solennel In nativitatem Domini Canticum, également pour chœur, solistes et orchestre (Erato/Warner). 

► Magnificat d’Arvo Pärt

On saute les siècles avec cette courte mais sublime pièce pour chœur a cappella (sans instruments) composée, en 1989, par Arvo Pärt, le magicien estonien des polyphonies planantes. Elle sera au programme du concert de Noël de l’Orchestre de la Suisse romande et du Chœur de musique de chambre de la Haute Ecole de musique de Genève, au milieu d’autres pièces de circonstance (Genève, cathédrale, le 21 décembre, Lausanne, salle Métropole, le 22). On peut préparer ce plaisir ou le prolonger avec les voix éthérées de l’Ensemble Nuove Musiche dirigées par Krijn Koetsveld (Brilliant Classics).

Jean-Jacques Roth

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