Le «Duke» et autres concerts à ne pas rater en Suisse romande

Le grand Duke Ellington. © Wikipedia

Duke Ellington a fait plus que dominer le monde du jazz au cours de ses cinquante ans de carrière. Il a aussi forcé les portes du classique pour faire swinguer orchestres, opéras et ballets. La preuve à Genève et à Lausanne les 21 et 22 septembre. Et trois autres concerts à voir en Suisse romande.

 

Le «Duke» ne s’arrêtait à aucune frontière, désirant faire du jazz un genre musical majeur: «Il y a deux musiques, la bonne et l’autre», disait-il. Si de grands compositeurs ont, eux aussi, puisé aux rythmes et aux harmonies du jazz, de Stravinsky à Ravel ou Chostakovitch, Ellington venait de l’autre bord, et ses pièces restent ancrées dans le monde qu’il avait contribué à façonner par son génie improvisateur et sa science de la composition. 

Aux Etats-Unis, cette contribution du «Duke» est reconnue depuis longtemps. En Europe, rien de tel, et des classiques comme la grande suite pour orchestre Black, Brown and Beige ou le concerto pour piano New World A-Coming sont rarement joués dans les salles de concert. L’un et l’autre témoignent pourtant de son engagement en faveur du combat pour les droits civiques. 
Ecrite en 1945, New World  A-Coming, rhapsodie d’une quinzaine de minutes pour un piano virtuose et un orchestre aux couleurs mâtinées de big band, est d’une formidable élégance, — malgré la gravité du best-seller de Roy Ottley qui l’a inspirée — Duke Ellington entendait y exprimer la difficulté d’être noir dans l’Amérique en temps de guerre et l’aspiration à un monde meilleur.

On est donc très heureux de la voir au programme de l’Orchestre de la Suisse romande et de son artiste en résidence pour la saison, le pianiste de jazz Marc Perrenoud. De formation classique lui-même, ce jeune quadragénaire mène de front une carrière en solo, avec son trio et, depuis peu, à la tête d’un quintette. Il est donc idéalement situé à l’intersection des mondes que Duke voulait réunir, ambition qu’il promeut lui-même en animant le Festival des Athénéennes, à Genève, où tous les styles musicaux se mélangent. A la baguette, le directeur musical de l’OSR, Jonathan Nott, l’entoure avec la Rhapsodie pour clarinette et orchestre de Debussy et l’éclatante fresque symphonique Don Quichotte de Richard Strauss. Ça va dépoter !

Jean-Jacques Roth

>> Genève, Victoria Hall, le 21 septembre, à 19h30.
>> Lausanne, Beaulieu, le 22 septembre à 20h15.

Trois autres suggestions de spectacles en Suisse romande

>> «Les adieux de Zacharias»
Le pianiste Christian Zacharias, qui a longtemps été directeur musical de l’Orchestre de chambre de Lausanne, offre un récital «d’adieu» à la Fondation Gianadda, avec Les Saisons de Tchaïkovsky et la sublime Sonate D984 de Schubert, elle aussi en forme d’adieu à une vie hélas beaucoup trop courte — il est mort à l’âge de 31 ans, après avoir composé presque 1000 œuvres…
Martigny, Fondation Gianadda, le 8 septembre à 20h.

>> La Riviera autrichienne
L’Autriche musicale sous toutes ses coutures, et elles sont nombreuses ! Quatuors, orchestres (Vienne, Linz), récitals, et un final en forme de gala avec les valses viennoises assurées par l’Orchestre du château de Schönbrunn : le Septembre musical, qui investit Montreux, Chillon et Vevey, fait briller les multiples dimensions d’un pays où la musique a toujours été reine. 
Montreux et Vevey, du 19 au 29 septembre. www.septembremusical.ch

>> «La Juive»
L’opéra de Halévy fut un blockbuster dès sa création en 1835 à Paris avant d’être délaissé au tournant du XXe siècle. Modèle du «grand opéra» français, il revient en grâce, et la nouvelle production du Grand Théâtre de Genève devrait confirmer ses attraits, sous la baguette d’un spécialiste du genre, Marc Minkowski, à la tête d’une magnifique distribution. 
Genève, Grand Théâtre, du 15 au 28 septembre.

 

 

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