Martina Chyba: «J'ai testé pour vous... la maison en pain d'épices»

Martina Chyba rassemble tous les ingrédients et ustensiles avant de se lancer dans le grand pain d'épices. © DR

Martina se lance dans le Grand Œuvre gastronomique. Avec entrain, opiniâtreté et toutes les embûches de Noël.

C’est mon côté slave et casque à boulons, j’adore les petits pains d’épices en cœur sur lesquels c’est marqué «Ich liebe dich» en sucre, l’odeur de cannelle, Hänsel et Gretel, les biscuits de Noël et tout ce tralala. Sachant cela, le délicieux rédacteur en chef de générations me dit: «Pour le numéro de décembre, tu ne voudrais pas fabriquer une maison en pain d’épices?» «Pardon?» «Un machin qui se mange, avec des murs et un toit, qui doit tenir debout et être mignon à regarder, c’est ça?» «Euh… comment dire.» Mais il ne faut reculer devant aucun défi. Pardon... aujourd’hui on dit «challenge».  «Alors, OK pour le challenge.»

Je préfère prévenir, si jamais l’envie vous vient d’en réaliser une le 23 décembre... oubliez. Ça prend, au bas mot, deux jours, entre les recherches sur le web, l’achat du matériel, les cuissons, les séchages successifs, les ratages à réparer, la déco, et last but not least, le rangement et le nettoyage, car le sucre glace c’est sympathique, mais, purée, ce que ça colle. Dernière précision, les travaux occupent toute la table et la cuisine pendant ces deux jours, prévoyez donc de commander des pizzas et de manger devant la télé.

Me voilà donc avec œufs, farine, sucre, miel, eau et mélange d’épices (oui ça j’ai acheté tout fait, mea maxima culpa, mais c’était plus simple). Mais il y a aussi: les emporte-pièces, les plaques, le papier cuisson, les colorants, rouge, vert, brun, le sucre glace, un stylo de glaçage, des Smarties, des boules argentées et blanches, des bols, des couteaux, des cuillères, des cure-dents, avant même de commencer, un bordel monstre.

Premier problème: les emporte-pièces. Il faut combien de murs? Et pour le toit c’est laquelle? Et la cheminée on fait comment? Et ça, c’est la porte ou la fenêtre? Petit check sur Internet, je trouve une sorte de notice de montage comme chez Ikea. C’est à peu près aussi compliqué. Pfff… ma mère était ingénieure en génie civil, elle savait construire des maisons, moi j’ai fait lettres. Eh bien, voilà, tout se paie. La pâte à pain d’épices je sais faire, trois plaques de cuisson plus tard c’est impec, ça sent ultra bon, ça a l’air à peu près juste. Mais c’est maintenant que les vrais ennuis commencent.

Je me dis, bien... je vais essayer de coller l’avant et les deux murs de côté. Je mélange le sucre glace et un peu d’eau, je colle, je mets des verres pour caler pendant que ça sèche. Ça vacille. On ne peut pas mettre un ou deux clous quand même? Non hein...  ce serait tricher. Et pas très bon à manger. Et soudain, meeeercredi, je réalise qu’il fallait faire la décoration des parois AVANT. Cruche que je suis. Je redécolle tout et, cette fois, je décore et ensuite je recolle et laisse reposer la nuit. Le lendemain, avant même de prendre un café, la tête dans le cirage, je me dis que je vais retourner la maison et fixer l’arrière, je le fais mal, et… patatras! Non seulement le truc s’effondre, mais tombe par terre. J’ai failli pleurer. Je vous jure.

Et puis non, dix ans de sport de haut niveau et trente ans dans l’audiovisuel m’ont appris une chose: on ne lâche rien. Je refais du glaçage, je remonte les murs qui, heureusement, sont intacts. Et je vais laisser sécher toute la journée. Pendant ce temps je prépare les à-côtés: le petit Père-Noël, le renne, les sapins, les étoiles, je suis courbée sur la table avec mes colorants et mes cure-dents comme pinceaux. Après, il faut encore faire le toit, avec des chocolats plats pour les tuiles et, à la fin, on planque tous les défauts avec du sucre glace, ça fait neige, c’est super.

Résultat: un baume du tigre pour ma nuque ultra crispée. Et un baume au cœur. Réussir à faire et cette maison et cette photo pour vous aura été un des événements les plus feel good de 2022, merci! Joyeux Noël! Et je n’ose plus dire «Bonne année», car chacune est pire que la précédente, mais on fera au mieux. Je vous embrasse.

Martina Chyba

Tout est dans le détail

Pour décorer les gâteaux et les biscuits de Noël, il faut évidemment du glaçage blanc. «Cela s’appelle la "glace royale", précise le jeune pâtissier Valentin Catier, qui travaille à Versoix près de Genève (ses créations sont à voir sur le compte Instagram valentincatier.pastry). On l’obtient en mélangeant du blanc d’œuf et du sucre glace. On peut y ajouter une goutte de citron ou même de vinaigre blanc ce qui évite l’oxydation.» Et pour la consistance? «Moi, je travaille avec un blanc d’œuf (30 grammes) et 150 grammes de sucre glace. Si on veut faire des décorations sur des biscuits plats, on peut mettre un peu moins de sucre et avoir une masse plus liquide, pour du travail plus technique, comme la maison en pain d’épices, on peut ajouter du sucre et épaissir. Cela sert aussi de colle pour fixer des boules, des petites décos. Et on laisse sécher la nuit.» Il est possible d’ajouter du colorant alimentaire au glaçage, mais goutte par goutte si on veut des jolis pastels, car le pouvoir colorant est très fort.

Autre élément important dans la pâtisserie de fin d’année, le chocolat fondu. «Alors pitié surtout pas d’eau! s’exclame Valentin Catier. On abîme le produit. On fait fondre son chocolat seul au bain-marie dans l’idéal, mais, moi, j’utilise tranquillement le micro-ondes. A puissance moyenne et on remue toutes les 20-30 secondes jusqu’à une belle consistance brillante.»

Est-il vrai qu’il faut faire attention à la température du chocolat si on veut faire, par exemple, des mendiants ou des orangettes? «C’est crucial! Pour ce genre de réalisation, le chocolat ne doit pas être à plus de 31 degrés et, de manière générale, il ne faut pas chauffer du chocolat à plus de 55 degrés, cela le dénature, il brûle.» Donc, à vos thermomètres de cuisine, tiens, ça peut faire une idée de cadeau.

Pour les décorations en relief, notre pâtissier n’est pas très client des préparations toutes faites en sucre. «Ce n’est pas très bon, objectivement. La pâte à sucre non plus, c’est agréable à travailler, moins à consommer. Dans l’esprit de Noël, j’utiliserais plutôt de la pâte d’amandes ou du massepain.» 

Enfin, si on ne veut pas se lancer dans l’aventure de la maison entière, Valentin Catier nous propose une recette de pain d'épices simple et gourmande.

 

Le cake aux épices de Noël de Valentin

Ingrédients:

  • 250 g. farine
  • 40 g. sucre roux
  • 10 g. levure chimique ou poudre à lever
  • 2 œufs
  • 100 g. lait entier
  • 350 g. miel
  • 1 cs cannelle
  • 1 cc anis étoilé ou badiane
  • 1 cc gingembre

Recette:

  • Tiédir le miel au micro-ondes.
  • Mélanger toutes les matières sèches ensemble.
  • Ajouter le lait et les œufs et mélanger fort. Puis ajouter le miel. La pâte doit être onctueuse. Pour donner du croquant, on peut ajouter des morceaux d’orange confite.
  • Remplir un moule à cake beurré et fariné ou chemisé de papier cuisson. Cuite à 170 degrés entre 40 et 50 minutes. Vérifier la cuisson en plantant un couteau, il doit ressortir sec.
  • Glacer et décorer et... bon appétit!

M. C.

 

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