Hong Kong, joyau retombé en enfer

Dans leur malheur, les 7,7 millions d’habitants de Hong Kong n’ont pas encore tout perdu, à commencer par leur pouvoir d'achat. © iStock

L’ancienne colonie britannique de Hong Kong était devenue le symbole de la prospérité et du capitalisme sauvage. Mais la Chine fait désormais peser une chape de plomb sur la société hongkongaise.

Il y a une grosse part de nostalgie dans le film de Robert-Emile Canat qui sera présenté prochainement dans le cadre d’Exploration du Monde. Tout est dans le titre d’ailleurs: Il était une fois Hong Kong. Des regrets donc, et, pour une fois, le «c’était mieux avant» s’impose vraiment, comme l’explique le réalisateur. La faute à la rétrocession à la Chine, le 1er juillet 1997, de l’ancienne colonie britannique. Selon les termes du traité, cette dernière aurait dû bénéficier d’un statut transitoire durant 50 ans, lui assurant de conserver son fonctionnement politique. Las… «La loi sur la sécurité nationale, promulguée le 30 juin 2020 par Pékin, et dont l’application touche tous les pans de la société hongkongaise, a pour conséquence directe de supprimer ou restreindre de façon drastique toutes les libertés fondamentales et de placer Hong Kong dans une situation parfaitement comparable à celle de la Chine populaire, souligne le cinéaste. Une véritable chape de plomb s’est abattue sur l’ancienne colonie, un climat de peur, voire même de terreur, s’est installé dans la population.»

Exagéré? Oh que non! Ainsi, le 10 décembre dernier, le magnat de la presse pro-démocratie Jimmy Lai, 75 ans, a été condamné à six ans de prison pour activités «contraires à la loi», faisant suite à deux ans d’emprisonnement et il est dans l’attente d’un jugement pour «collusion avec des forces étrangères», une infraction passible de la perpétuité. Et il n’est pas seul. Des milliers de procès sont aussi prévus dans la foulée des manifestations géantes — jusqu’à deux  millions de personnes sur une population de 7,7 millions — qui avaient suivi le coup de force de Pékin.

Paradis perdu

Dans leur malheur, les 7,7 millions d’habitants n’ont pas encore tout perdu. Leur important pouvoir d’achat a été en bonne partie conservé. C’est que, avec le cynisme du régime communiste, tout est fait pour préserver tant que possible le fonctionnement économique de Hong Kong, «capitale du capitalisme sauvage». Et Robert-Emile Canat de relever néanmoins: «On constate un tassement de l’activité économique, une morosité ambiante dans les diverses catégories socio-professionnelles. La puissance économique chinoise peut supporter ce tassement, mais ne pourrait se permettre, sans réels dommages, de laisser Hong Kong décliner fortement.»

On vous rassure. Enfin, à moitié. Le film s’attache aussi longuement à montrer les à-côtés de la mégapole financière et de sa forêt de buildings qui aurait tendance à accaparer notre vision. Ainsi, sur l’ensemble de son territoire, l’ancienne colonie compte 42% de réserves naturelles et de parcs parfois superbes. De quoi contredire la couronne britannique qui s’était fâchée, à l’époque, contre l’Officier qui avait négocié l’achat de l’Île: «Un misérable îlot rocailleux», avait dit Londres. Auquel sont venus s'ajouter — au fil du temps et des conflits — des territoires sur le continent qui ont donné à Hong Kong cette diversité et un bon lot de nature.

Jean-Marc Rapaz

>> Voir le programme de la saison 2022-2023 d'Exploration du Monde

 

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