Personnes âgées : une approche personnalisée

La conférence "Bien vieillir au 21e siècle » aura lieu le 7 juin prochain à Lausanne, avec divers spécialistes, dont le Professeur Büla, médecin en gériatrie, qui aborderont des questions d’actualité en la matière. © FredFroese
Qu’importe l’âge chronologique d’une personne, ce qui compte, c’est son âge biologique. Une conférence publique aura lieu en juin à Lausanne.
« La gériatrie est, par définition, une médecine personnalisée. La prise en charge dépend du profil individuel », souligne d’emblée Christophe Büla, médecin-chef du Service de gériatrie et de réadaptation gériatrique du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Lorsqu’ils prennent en charge un patient, les médecins tiennent en effet beaucoup moins compte de l’âge inscrit sur son acte de naissance que de son âge biologique — de son état de santé physique et cognitif — autrement dit de sa plus grande robustesse.
Robustesse et fragilité
Les gériatres considèrent comme « robustes » des individus qui ne souffrent pas de maladies sévères et qui sont indépendants. A l’autre extrême se trouvent des personnes âgées atteintes de nombreuses maladies et qui sont devenues dépendantes de leurs proches au quotidien. Entre les deux sont situés des individus qui font l’objet d’un intérêt particulier, parce qu’ils sont dits « fragiles » ou « vulnérables ». « Leurs réserves physiologiques ou cognitives sont altérées, et il suffit alors, parfois, d’une simple grippe, d’un stress ou d’une chute pour que leur état de santé se détériore brusquement et que leur trajectoire de vie soit modifiée », précise Christophe Büla.
La situation de chacun est donc évaluée avant tout traitement. Alors que les seniors robustes reçoivent souvent les mêmes thérapies que les adultes plus jeunes, les plus fragiles se voient parfois prescrire des médicaments potentiellement moins efficaces, mais qui entraînent notablement moins d’effets secondaires. C’est aussi sur l’âge biologique de l’individu que se fondent les médecins pour proposer, ou non, une intervention chirurgicale préventive.
A ce propos, le spécialiste du CHUV constate que, en matière de prévention et de promotion de la santé, « la Suisse peut faire mieux ». Il en veut pour preuve le dépistage du cancer du côlon. Celui-ci n’est en effet plus remboursé par l’assurance maladie pour les personnes ayant plus de 69 ans, « alors que plusieurs études ont démontré qu’il est tout aussi efficace et (au moins) aussi rentable en termes coûts-bénéfices jusqu’à 75 ans ». Christophe Büla voit dans cette mesure une manifestation de « l’âgisme, soit la discrimination ou la stigmatisation liée à l’âge ». On peut aussi y voir une manière de considérer toutes les personnes âgées comme appartenant à un groupe homogène, alors que c’est très loin d’être le cas.
Les valeurs de chacun
Une prise en charge bien comprise devrait non seulement se fonder sur l’état de santé du patient, mais aussi « sur ses valeurs et ses souhaits, notamment en fin de vie », souligne le gériatre du CHUV. Certaines personnes privilégient en effet la quantité — de semaines ou de mois de vie gagnés — d’autres, la qualité de la vie et le confort. « C’est un choix individuel. » La médecine personnalisée doit, aussi, en tenir compte.
Elisabeth Gordon
CONFERENCE: « Bien vieillir au 21e siècle », à Lausanne
C’est sous le thème « Bien vieillir au 21e siècle » qu’une conférence publique* aura lieu le 7 juin, réunissant divers spécialistes (dont le Professeur Büla), lesquels aborderont des questions d’actualité, comme la stratégie à mettre en place pour les personnes âgées pour ce qui est des médicaments, la prédiction d’alzheimer ou la question des outils numériques pour un meilleur vieillissement.
*Palais de Rumine (salle de l’Aula), Lausanne, le jeudi 7 juin, à 17 h
Inscriptions : www.santeperso.ch/agenda