Chance: ces chiffres qui nous fascinent
De fait, les chiffres impriment nos vies de leur empreinte. Et cela ne date pas d’hier. Il y a 3000 ans, ils représentaient déjà les piliers de l’érudition, de l’harmonie et de la sagesse. Platon les considérait comme le plus haut degré de la connaissance. Aujourd’hui encore, ils se faufilent partout... Dans leurs alcôves, alors que les tatoueurs reçoivent fréquemment des demandes pour tatouer les dates de naissance de leurs enfants sur la peau des parents, ils ont aussi à faire face à des commandes plus troublantes, comme l’effrayant 666 connu pour être le nombre de la Bête dans l’Apocalypse. Lorsque vous avez à choisir un mot de passe pour votre ordinateur, les chiffres interviennent encore, avec une préférence pour les (trop) classiques 1-2-3-4 ou 1-1-1-1.
Si le chanteur Paul Mac Bonvin n’accorde pas d’importance particulière aux nombres, il n’en est pas de même pour son épouse, Inès : « Toute sa vie est très influencée par le chiffre 7.Les dates majeures de son existence sont à peu près toutes marquées par ce nombre, à tel point que quand elle s’est chargée de prendre les plaques pour notre véhicule, elle a choisi le 177 777 ! »
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Pour Manuela Maury, « le 8 est mon chiffre, celui de ma naissance, celui de l’infini, j’aime sa graphie en forme de serrure sur l’inconnu. J’entretiens un rapport presque phobique avec les chiffres. L’un de mes grands regrets. J’en pressens leur poésie, des mathématiciens me l’ont fait comprendre, mais je les redoute. Un chiffre dans un texte et je bugge immédiatement. Je pense que si on souhaitait m’éliminer on me forcerait à vivre avec un statisticien. L’enfer ! ».
7. Beaucoup d’entre nous ont un ou plusieurs chiffres porte-bonheur... qui ne sont pas forcément les mêmes d’un continent à l’autre. Dans notre civilisation, plusieurs nombres sont considérés comme tels avec, en tête de liste, le 7 dont la puissance se retrouve dans pratiquement toutes les religions. Sept jours dans la semaine, sept couleurs dans l’arc-en-ciel, sept péchés capitaux, sept notes dans la gamme, sept phases lunaires... il était également le signe de la vie éternelle pour les Égyptiens et symbolisait la sagesse chez les Grecs.
4. Dans la langue japonaise, il se prononce de la même façon que le verbe mourir. Autant dire qu’il n’a pas très bonne presse dans l'Empire du Soleil levant... alors que partout ailleurs qu’en Asie, il semble placé sous d’heureux auspices. Sa calligraphie très proche du symbole de Jupiter est parfois aussi associée à l’idée de prospérité.
8. En Chine, il remporte tous les suffrages où il est signe de chance et de réussite, alors qu’il n’est pas particulièrement populaire en Occident... Pourtant, il le mériterait : si vous le renversez à l’horizontale, il se transforme en emblème de l’infini et de l’éternité, de la sagesse et de la réflexion.
13. Si il fait frémir certains, il a aussi la réputation d’être très favorable pour d’autres. C’est le cas pour la chanteuse Taylor Swift et le rappeur et acteur américain LL Cool J, mais aussi, bien avant, pour le crooner Frank Sinatra qui l’a, dit-on, beaucoup utilisé aux tables de casinos. Comme le 4, ce chiffre a la renommée mitigée n’est pas apprécié de la même manière à travers le monde. Dans la tradition hébraïque comme chez les Mayas ou dans la Cabale, le 13 est sacré et porte chance. Sous nos latitudes et aux Etats-Unis, il se distingue souvent, au contraire, comme un nombre maléfique, tendance qui prend sa source dans la religion chrétienne, et plus particulièrement dans la représentation de la Cène. Douze apôtres étaient présents autour de Jésus, auxquels s’est joint le traître Judas. Une croyance est née affirmant que si treize convives se trouvaient réunis à table, l’un d’eux mourrait dans l’année. Une superstition alimentée au fil du temps par tous les faits divers possibles intervenus un 13, ce qui a achevé de noircir sa réputation.
La phobie liée à ce nombre porte un nom : la triskaïdékaphobie et a des effets inattendus sur l’économie américaine notamment qui supporte chaque année le coût de l’absentéisme, des annulations de billets de train et d’avion, et d’un commerce altéré le 13e jour du mois.
Qui n’a pas joué au loto au moins une fois dans sa vie en cochant une grille avec ses numéros fétiches ? Et certains ont une chance insolente. Comme ce Parisien qui a empoché 22 millions d’euros le 13 mai 2013 en utilisant exactement la même combinaison de chiffres que celle qui lui avait permis de gagner 50 000 francs français de l’époque vingt ans plus tôt.
Le journaliste Bernard Pichon n’est pas superstitieux : « Occuper la chambre ou le siège n° 13 ne me poserait aucun problème. En revanche, à l’âge des culottes courtes, ma grand-mère m’emmenait souvent à la Saint-Pierre de Pontarlier où elle avait de la famille. Entre les carrousels de la fête foraine, il y avait une grande roue où en misant sur certains numéros, on pouvait gagner des litres de vin ou des espèces d’obélisques géants en sucre compressé. Je me souviens avoir dépensé un peu d’argent de poche sur le chiffre 7 à plusieurs reprises et d’avoir, à chaque coup, remporté une telle quantité de ces victuailles que la tenancière du stand m’avait demandé de ne plus jouer. J’avais le sentiment que miser sur ce seul chiffre était un gage de chance absolu. Maintenant, si je devais choisir — de mémoire — un chiffre que je n’aime pas, ce serait peut-être le « 1 », car c’est la note que m’avait attribuée, un jour, un professeur de français au collège pour une rédaction sur le thème de l’argent. De sa part, c’était un jugement sur le point de vue beaucoup plus que sur la forme de mon récit, et cela m’avait paru injuste. »
9. La Loterie Romande explique que le fonctionnement des joueurs comporte quelques particularités : « De manière générale, ils ont pour habitude de cocher des numéros qui correspondent à des dates importantes pour eux, notamment mariage, naissances, anniversaires. Par ailleurs, les chiffres impairs sont joués un peu plus souvent que les pairs. Au Swiss Loto, le n° 9 est le nombre le plus joué actuellement. Le 13, fréquemment associé à la chance, ne figure qu’en quatorzième position des numéros les plus joués. » Les combinaisons les plus utilisées sont déterminées par l’emplacement des numéros sur les bulletins. Au Swiss Loto, où il s’agit d’en cocher six sur quarante-deux, la série la plus jouée est 6-11-16-21-26-31, qui correspond à une diagonale sur le bulletin. A l’EuroMillions, où il s’agit de cocher cinq numéros sur cinquante, la combinaison la plus usitée est 1-2-3-4-5, qui coïncide avec une ligne.
16. Quant à l’information circulant sur le Net, prétendant que le nombre 34 serait celui qui sort le plus souvent, elle est prise avec réserve par la Loterie Romande, à quelques nuances près : « Les résultats des tirages sont uniquement le fruit du hasard. Mais, sur une période donnée, il arrive que certains chiffres tombent plus régulièrement que d’autres. Lors des cinquante derniers tirages du Swiss Loto, le 16 a été tiré à quinze reprises, suivi du 42 qui est sorti à douze reprises. A l’inverse, le 30 n’est sorti qu’une seule fois. Sur le long terme, on ne constate pas de différence significative quant à la fréquence de tirage de l’un ou l’autre des numéros. »
Si vous préférez élire vous-même le chiffre qui vous convient, vous pouvez plus simplement le choisir en fonction de la définition qui y est associée. Le 1 représente l’unicité et le désir de s’élever, le 2 la complémentarité et la dualité comme le yin et le yang, le 3 la création et l’évolution, le 4 la stabilité, le 5 l’harmonie et l’adaptabilité, le 6 l’équilibre et la perfection, le 7 le monde spirituel et la victoire, le 8 l’aspect matériel et ses réussites ou ses chagrins et le 9 le couronnement des efforts et la renaissance.
