Pierrick Destraz: «La vie dans un EMS, ça peut être joyeux»

photo: vidéo AVDEMS
Musicien, humoriste et comédien, l’artiste aux multiples talents Pierrick Destraz, fils d’Henri Dès, participe à un film promotionnel sur la vie dans une maison de retraite.
Connu notamment pour ses performances de batteur au sein du groupe punk-rock Explosion de caca, le Vaudois Pierrick Destraz, fils d’Henri Dès, s’illustre désormais dans un tout autre domaine: celui des maisons de retraite. A 47 ans, le musicien joue dans un petit film promotionnel co-produit par l’Avdems (l’Association vaudoise d’établissements médicosociaux), l'AJIPA (l'Association jurassienne des institutions pour personnes âgées) et la FEDEREMS (Fédération patronale des EMS vaudois).
L’artiste présente dans cette vidéo les nombreuses prestations offertes dans les homes à travers la visite guidée d’un établissement … le tout sur un ton humoristique. Objectif de l’opération? Dépoussiérer l’image des EMS auprès du grand public. Pierrick Destraz nous explique cette collaboration, plutôt inattendue.
Pourquoi avoir participé à cette vidéo?
Quand on m’a proposé de prendre part à ce projet, j’ai réfléchi longuement. De but en blanc, les EMS, ce n’est pas mon sujet de prédilection. On a l’image de mouroirs où l’on met les personnes âgées dans un coin en attendant la fin. Mais, en allant rencontrer des pensionnaires et des soignants, j’ai pu constater que c’est faux. Il y a un travail formidable pour rendre, là, la vie agréable. J’ai trouvé que cela méritait que les gens le sachent.
A en croire la vidéo, la vie dans un EMS, c’est presque comme au Club Med. Le bonheur et des activités à gogo … N’est-ce pas un peu exagéré ?
Evidemment, tout dépend de l’état de santé de la personne. En fin de vie, forcément, ce n’est pas joyeux. Mais l’EMS, ce n’est pas qu’un lieu de fin de vie ! Au contraire, c’est aussi un lieu de vie et d’accueil. Bon nombre de personnes y vont uniquement pour la journée ou de courts séjours. Dans ces cas, la vie dans un EMS, ce peut être joyeux, notamment au niveau des liens sociaux et du bien que cela fait au moral.
La vidéo de l'AVDEMS avec Pierrick Destraz:
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué lors du tournage ?
L’échange avec les pensionnaires. Ils sont ultratouchants. C’est facile de se projeter quand on les voit. On peut
se dire que ce sera bientôt notre tour.
Vous vous réjouissez d’être dans un EMS ?
Non, pas du tout (rires)! Si je m’en réjouissais, cela voudrait dire que j’ai hâte d’être vieux et de perdre mon autonomie. Mais je suis content de savoir qu’on peut y trouver une vie agréable et qu’on a la chance d’avoir de bons EMS en Suisse.
Un humoriste rocker qui fait la promotion de la vie dans un EMS, c’est quand même une curieuse association, non ?
Quand je participe à un projet, je le fais parce que le thème me parle. J’ai eu du plaisir à faire cette vidéo et je suis content d’avoir aidé à mettre un peu de lumière sur cette option de vie qui est loin d’être dégueulasse. Je trouve bien de se renseigner pour savoir où l’on va. Si j’avais constaté que c’était l’horreur, je n’y aurais pas participé.
photo: © Jacques Beaud
Qu’en a pensé votre père?
Il n’a pas encore vu la vidéo. Lui, il est du genre à soutenir tout ce que je fais. Parfois plus silencieusement. Mais il était au courant et je pense qu’il trouvait ça chouette.
Vous ne redoutez pas les critiques?
Je me pose la question de savoir comment cela va être reçu. Quelques vieux rockeurs vont sûrement se demander ce que je fous là. Mais je commence à être habitué aux critiques et j’assume complètement. D’ici à 20 ans, a priori, je pourrais aussi être dans un EMS.
Barbara Santos