L’amour made in Switzerland

Martina Chyba. © Jay Louvion / RTS

A cœur joie, la chronique de Martina Chyba.

Il y a des tas de clichés cucul (c’est le cas de le dire) sur l’amour et les pays. Les Italiens dragueurs, les Français infidèles, les Latinos caliente, les Nordiques le feu sous la glace, ce genre de trucs. Et nous alors? Les Suisses? On fait quoi sous la couette à part mettre des pyjamas Calida qui ne remontent pas sur les reins? Ben, on sait pas trop.

Je pense à ça, car je travaille sur une émission à base d’archives et j’ai vu un Temps Présent merveilleux de 2008, dans lequel on questionne des hommes et des femmes étrangers sur les Helvètes et l’amour. C’est hilarant. A la question: «Les Suisses sont-ils de bons amants?», une femme est prise d’un fou rire interminable. Une autre dit exactement ceci: «Je pourrais me promener toute nue dans la rue, ils ne me regarderaient même pas.» Bref, on n’a pas la réputation d’être caliente, nous. Plutôt un peu protestants sur les bords. Réservés. Réfléchis. Lents à la détente. Je me souviens quand on était jeunes (oui, au Crétacé), quand une copine disait: «Il est pas mal celui-là», les autres lui répondaient quasi systématiquement: «Laisse tomber, on a toutes essayé, c’est l’Everest.» Bref, si on ne s’était pas bougées, on y serait encore, et on ne serait montées ni à l’Everest ni au septième ciel. 

Cela dit, est-ce que c’est mal d’être lent, en amour? C’est plutôt une qualité, non? Que ça dure un peu et, pas tchac tchac 10 minutes douche comprise, comme on disait élégamment de feu le président français Jacques Chirac. Bon, pas trop non plus, le marathon, ce n’est plus de notre âge. Et puis, qu’on ne se jette pas comme des gros relous sur les gens, en ces temps post #MeToo, c’est indéniablement une qualité. Que l’on soit organisés, patients, pragmatiques, qu’on fasse lit commun et comptes séparés, ce n’est certes pas d’un romantisme échevelé ou d’une tension sexuelle incandescente, mais c’est rassurant. Et ça, dans ce monde cinglé, on devrait mieux le vendre. Après le french kiss (c’est le baiser avec la langue, si jamais) et la brouette thaïlandaise, inventons la fourchette à fondue ou la râpe à röstis, soyons créatifs et fiers de la Suisse attitude au lit. Voilà un projet excitant… non?

Martina Chyba

 

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