Faut-il imposer une baisse du chauffage dans nos logements?

La question de l'économie d'énergie risque d'alimenter bien des discussions à la maison à l'approche de l'hiver. © iStock

Avec la crise énergétique annoncée pour cet hiver, il convient d’économiser de l’énergie. Des coopératives suisses ont déjà fait le choix de baisser la température intérieure. Une mesure qui souffle le chaud et le froid. Une écologiste et un UDC croisent le fer.


                                                                                                © Béatrice Devènes

Pourquoi êtes-vous favorable à ce qu’on impose une diminution de la température dans les logements helvétiques?

Aujourd’hui, baisser le thermostat d’un ou deux degrés représente l’une des mesures efficaces, légères et nécessaires afin de lutter contre le gaspillage énergétique. Si les entreprises et les collectivités publiques doivent faire leur part, les ménages aussi. Il s’agit de cumuler cela avec d’autres pratiques vertueuses et qui ont, en plus, une incidence favorable sur les factures, comme limiter le stand-by ou changer les ampoules énergivores.

Les seniors ne risquent-ils pas de souffrir davantage que les jeunes face à cette baisse?

Cette frange de la population est en effet globalement plus vulnérable, mais cette mesure n’a rien d’extrême. J’ai eu l’occasion de discuter avec de nombreuses personnes âgées, qui m’ont dit, qu’il n’y a pas si longtemps, les températures étaient plus basses dans les logements et que cela allait très bien. Au lieu de se balader chez soi en T-shirt en hiver, on met juste un pull ! Le surchauffage est une dérive de notre société. Comme l’énergie ne coûte pas cher, qu’elle n’a ni odeur ni couleur et qu’elle est disponible tout le temps, on l’a gaspillée. Désormais, on se rend toutefois compte qu’elle est quand même précieuse.

Pourrait-on voir apparaître une police de la température intérieure, qui mettrait des amendes?

Pour les entreprises, on pourrait imaginer vérifier leurs décomptes a posteriori. S’agissant de la population, elle doit surtout être accompagnée dans cette démarche. Plutôt que de punir les mauvais comportements, on devrait récompenser les bons via des incitations fiscales. Mais encore faudrait-il avoir des décomptes individuels par appartement et que chacun puisse régler la température de son logement, ce qui n’est par exemple pas le cas des locatifs à Genève.


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Pourquoi êtes-vous opposé à ce qu’on impose aux Suisses une baisse de la température dans les logements?

La situation actuelle est la conséquence des utopies politiques de la gauche. Maintenant, elle repousse sa responsabilité en demandant que les gens se chauffent moins. Aux yeux de l’UDC, ceux qui sont responsables de cette situation doivent réparer ce qu’ils ont cassé avant d’exiger des gens qu’ils fassent des sacrifices.

Si l’on ne fait rien, ne risque-t-on pas de finir à la bougie et sans chauffage pour personne?

Oui, à cause de la Stratégie énergétique 2050 qui a été acceptée en 2017. Nous sommes les seuls à avoir combattu cette stratégie en affirmant — c’était le sujet de nos affiches — que nous risquions de devoir prendre des douches froides en raison de pénuries d’énergie. Cinq ans plus tard, l’illusion s’est écroulée et ces douches froides sont en train de devenir la réalité. Ce qu’il faut faire, c’est investir sans œillère idéologique dans nos propres moyens. Il y a, par exemple, pour 25 ans de gaz naturel disponible pour toute la Suisse sous le Léman. Il faut pouvoir l’exploiter.

Quand on voit des gens se balader chez eux en T-shirt en plein hiver, on peut quand même penser qu’on surchauffe, non?

A partir de quand un logement est surchauffé? Et combien de logements sont concernés? Va-t-on envoyer des commissaires politiques pour punir les gens? Politiquement, il faut garantir l’approvisionnement à un prix abordable. Le reste appartient à la responsabilité individuelle et au libre marché. 

Quels autres moyens préconisez-vous pour économiser de l’énergie dans le secteur du chauffage?

Il faut reconnaître l’énergie nucléaire et le gaz nucléaire comme énergies vertes. L’Union européenne vient de le faire, seule la gauche suisse s’entête dans des utopies politiques.

Frédéric Rein

 

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