Andropause café

Martina Chyba © Jay Louvion/RTS
A cœur joie, la chronique de Martina Chyba.
Il y a quelque temps, j’ai écrit un billet qui s’appelait «Ménopause café», sur les splendeurs et misères de cette période dans la vie d’une femme. Si, si, il peut y avoir des splendeurs, une sorte de libération et même une saison 2 de la fête du slip. Au moment de la parution, les hommes m’ont dit: et nous? Notre andropause?
Une vraie question, car, autour de moi, tous les quinquagénaires et sexygénaires (ou qui sont sûrs de l’être, hihi), font leur crise. Il y a ceux qui échangent une femme de 50 contre deux de 25. Il y a ceux qui refont un bébé pour signifier que ça marche encore et parce que dans «jeune papa» il y a le mot «jeune». Il y a ceux qui achètent une moto, une voiture ou un bateau, un truc en forme de phallus, quoi. Il y a ceux qui se mettent au régime et au sport parce que tant qu’on court c’est qu’on n’est pas encore mort. Ah, il y a encore ceux qui s’offrent un petit brushing d’implants, une petite lipo du menton ou un petit tatouage tribal. Ou tout à la fois.
Mais ce n’est pas ça l’andropause, m’a-t-on dit. Ça, c’est ce que l’on appelait le «démon de midi». OK, mais alors, l’andropause c’est quoi? Citation médicale: «C’est une baisse hormonale, mais qui n’implique pas la fin de la capacité de reproduction comme chez la femme. On devrait plutôt parler de «déficit androgénique lié à l’âge, ou DALA.» Oui ça ne sonne pas très bandant, pardon hein. En fait c’est une baisse de testostérone. Entre 45 et 70 ans (c’est comme le démon de midi, ça ne passe pas toujours à l’heure), les messieurs peuvent avoir moins de poils/moins de muscles/moins de libido/moins d’estime de soi/moins de concentration/moins de sommeil/ et davantage d’irritabilité/ de graisse/de pannes d’érection. Et même des bouffées de chaleur, dites donc. Mais bienvenue au club! Pourquoi vous n’en parlez jamais? Parce que, jusqu’à présent, être un homme, c’était ne pas se plaindre, ne pas s’occuper de la tuyauterie (ah les messieurs qui vivent leur premier examen pour la prostate, quel trauma!), ne pas parler de ses états d’âme ou plutôt de ses états d’homme. Alors, voilà, mes chéris, nous parlons désormais ouvertement des règles, de la ménopause, de l’endométriose, etc. Sur le tabou des joyeusetés masculines, on vous attend.
Martina Chyba