Lacs gelés: le patinage grandeur nature

@Istock
En hiver, quand le thermomètre s’installe en dessous de zéro, de petits lacs se transforment en patinoires. En Valais, sur Vaud, à Neuchâtel et à Fribourg, les jeux de glace en pleine nature ne datent pas d’hier. Tour de piste à l’air frais et dans le bon vieux temps.
Au plus froid de l’hiver, plusieurs de nos lacs de montagne se transforment en patinoires. Sur des surfaces le plus souvent extraordinaires, dans des paysages à couper le souffle, le patinage grandeur nature convainc tout à la fois les amateurs de sport de glace et de balades. Le réchauffement, qui s’observe sous nos latitudes, repousse généralement, à la fin de décembre le début de la saison de gel des eaux lacustres. Du simple fait qu’ils ne sont planifiables, car tributaires du climat, ces moments de glisse ont dès lors un caractère d’exception.
Avec le lac de Joux, dans le Jura vaudois, la Suisse romande compte la plus grande patinoire naturelle du pays, et certainement aussi d’Europe. « Les deux lacs de notre région qui peuvent être accessibles pour le patinage sont effectivement le lac de Joux et le lac Ter, précise Aurélie Kleiner de Vallée de Joux Tourisme. La pratique n’est jamais autorisée sur le lac Brenet, en raison des différences de pression engendrées par les prises d’eau. »
Généralement, les Offices du tourisme ne font pas directement la promotion des patinoires naturelles. Connues de tous, les plus fameuses sont libres d’accès, dans certaines limites évidentes, comme le précise encore Aurélie Kleiner : « L’ouverture et la délimitation de secteurs pour la marche ou le patinage a, avant tout, un but sécuritaire, afin que personne ne s’aventure là où la glace n’est pas assez robuste. » Comme partout ailleurs en Suisse romande, la patinoire de Champex-Lac fait l’objet d’une ouverture officielle, aussitôt que la glace est assez épaisse.
@Bibliothèque de la Ville de La Chaux-de-Fonds, Département audiovisuel, DR
Mais depuis quand glisse-t-on sur nos lacs ?
« D’après les sources que nous avons, une partie du lac de Champex était déjà dégagée pour pratiquer le patin aux alentours de 1925, mais cela pourrait être encore plus ancien », indique Carole Sarrasin, de Pays-du-Saint-Bernard. En tout cas, photos à l’appui, on constate que la surface gelée des lacs de montagne n’a jamais laissé personne de glace. « La pratique du patinage date vraisemblablement de l’invention et de la popularisation des patins, explique Aurélie Kleiner, car les glaces du lac de Joux, par exemple, ont été arpentées de tout temps. La pratique la plus courante reste la marche, car la qualité de la glace ne permet pas toujours de patiner. »
« Tradition vivante »
Du côté du Doubs, des Brenets (CH) à Chaillexon (F) et le Saut-du-Doubs, le patinage est carrément entré dans le patrimoine culturel immatériel suisse par l’OFC sous convention de l’Unesco comme « Tradition vivante ». La « saison d’ouverture » varie en fonction des conditions météorologiques, allant généralement d’un à trente jours par an. Ici également, pas de calendrier officiel : les autorités ne voulant pas prendre la responsabilité d’éventuels accidents, « il s’agit en effet d’une pratique 100 % spontanée et autogérée ». Sur le site internet des « Traditions vivantes », on peut lire ceci : « Pour savoir si la couche de glace est suffisante pour s’aventurer dessus, elle est testée selon une technique ancestrale, dite du « lancer du caillou ». Celle-ci consiste à trouver, sur place, une pierre d’une certaine taille et de la lancer à une hauteur bien précise. Le son émis à son impact définira exactement la solidité de la glace. »
@Bibliothèque cantonale et universitaire Fribourg. Fonds Léon de Weck – Georges de Gottrau, DR
Patiner malin
Avant de se lancer sur la glace, renseignez-vous auprès des Offices du tourisme. Ils ne sont pas responsables de ces lieux naturels. Mais ils sont au courant des conditions permettant ou non la pratique du patinage. Au moins sept centimètres de glace sont généralement requis pour se lancer. Quand, c’est possible, observer le balisage, avec des couleurs, comme pour le ski hors-piste.
Nicolas Verdan