Covid-19 : l’art de s’évader en chambre

©Illustrations, Ludivine Zeugin
Comment supporter les restrictions de liberté d’aller et de venir pour ne pas donner prise au Covid-19 ? En imaginant des plans d’évasion. Six personnalités de la musique, de la cuisine, de la danse, de la méditation, de la poésie et de la littérature vous expliquent comment pousser les murs.
Novembre n’est déjà pas un mois gai. Mais, à l’heure du coronavirus, le voici carrément sinistre. Les sorties culturelles s’annulent les unes après les autres, les projets festifs rassemblant une flopée de proches et d’amis aussi. Sans parler des voyages qui sont suspendus à la négativité d’un test ou les moments d’intimité en famille de plus en plus bâillonnés sous un masque.
Comment ne pas sombrer dans la mélancolie ? En trouvant des échappatoires. Attention, il ne s’agit pas, ici, de trouver des points de fuite pour déserter le réel. Mais de trouver, près de soi, des ressources pour améliorer son ordinaire. L’ébouriffer, le sortir des rails, lui accrocher une plume à la boutonnière. Ce qu’on vous propose est très simple et tient en six mots : écouter de la musique, cuisiner, danser, méditer, observer, lire.
En suivant les conseils de la pianiste Brigitte Meyer, de la journaliste gastronomique Annick Jeanmairet, du danseur et chorégraphe Philippe Saire, du philosophe Fabrice Midal, du poète Alexandre Voisard et de l’écrivain Alexandre Jardin, vous aurez l’impression que les murs de votre chambre s’écartent pour faire entrer plus de lumière, plus d’espace, plus de grâce. Les meilleures évasions ne sont-elles pas celles dont on revient avec une capacité d’émerveillement face à l’ordinaire, au banal, au commun, régénéré ? L’environnement n’a pas changé, mais la façon dont on le regarde, l’écoute, le goûte, le pense, l’appréhende physiquement passe par des réseaux neuronaux nouveaux. Et cela fait un bien fou.
Des états grisants
Le bienfait n’est pas que virtuel. Prenez la musique. Si l’écouter vraiment génère un état proche de l’extase, c’est parce que nos neurones réagissent. « Notre noyau accumbens, le siège cérébral du plaisir, s’active et libère de la dopamine dans les circuits de la récompense », explique Alexandra Leblanc L’Ecuyer, doctorante en neuropsychologie au Laboratoire international de recherche sur le cerveau, la musique et le son à l’Université de Montréal. « Cette modulation des circuits de la récompense est comparable à celles produites par le sexe et par les drogues. La musique peut donc générer des états aussi grisants. » Mais, pour obtenir cet état, il faut choisir une musique aimée. « Le principal facteur permettant de prédire si une œuvre engagera le système de récompense est l’appréciation de l’individu pour cette dernière. » Et Alexandra Leblanc L’Ecuyer d’ajouter que écouter de la musique demeure l’un des moyens les plus sains, agréables et accessibles pour réguler son humeur. Nous le savons d’ailleurs intuitivement quand nous écoutons de la musique joyeuse pour nous sentir plus heureux. Les pièces en mode majeur au tempo rapide sont plus susceptibles d’induire de tels effets, tandis que les chansons plus lentes et en mode mineur évoquent généralement des sentiments négatifs et de la tristesse.
On s’évade mieux par les mots que par les images
Et pourquoi préconiser la lecture plutôt que le visionnage d’un film ou d’une série qui permet aussi de s’évader ? Encore pour une raison neuronale.
« La lecture implique l’activation de plusieurs réseaux de neurones interconnectés qui vont traiter différents niveaux de complexité : sens des mots et des phrases, liens entre le contenu d’une œuvre et les connaissances et souvenirs des lecteurs (modèle de situation), analogies pour établir et maintenir une cohérence. Et cela est vrai tout au long de la vie; même si certaines dimensions, comme le modèle de situation, tendent à prendre plus de place à mesure que les individus avancent en âge », explique Frédéric Bernard, maître de conférences en neuropsychologie à l’Université de Strasbourg. Par ailleurs, la lecture d’un livre implique une exploration plus active du contenu de celui-ci parce que le corps participe. Les mains portent le livre, manipulent les pages, les yeux alternent fixations et saccades oculaires. Résultat : l’interprétation subjective et l’imagination sont plus sollicitées que par le visionnage d’un film.
Bon, alors : lire, écouter de la mu-sique, cuisiner, observer, danser, méditer... Novembre va changer d’allure. Vous êtes prêts pour le décollage ?
« Ecouter de la musique classique transporte et réconforte en même temps » Brigitte Meyer, pianiste
Je ne peux pas vivre sans musique. Depuis que je suis toute petite, j’ai compris que chacune de mes cellules réagissait à la musique. Je joue du piano tous les jours, j’ai toujours un concert à préparer. Mais je joue aussi pour mon plaisir. Pas seulement du classique, mais je dois reconnaître que le classique me transporte hors du temps. Au début de la crise du Covid-19, j’ai ressenti de la tension, mais je n’ai pas cédé à la peur; j’ai écouté un enregistrement de la contralto Nathalie Stutzmann, interprétant Vergnügte Ruh, la Messe en si de Bach, et ma tension s’est aussitôt dissoute en larmes de joie.
La musique de Bach donne le sentiment qu’on n’est pas seul. Elle nous extirpe de la condition humaine compliquée et nous accueille dans un espace commun que j’appelle « la spiritualité ». La musique nous offre une plongée dans l’éternité. Comment écouter de la musique pour que celle-ci pénètre en soi profondément ? Il ne faut faire que cela : l’écouter. Et pas juste l’entendre en bruit de fond. Et il faut réécouter plusieurs fois le même air, le même morceau. Il en va avec la musique comme avec une personne. Plus on la fréquente et plus les liens s’approfondissent. Quand on se familiarise avec une œuvre, on est capable de s’attarder sur la mélodie ou le rythme, sur le chemin choisi par le compositeur pour s’exprimer. Bach, Beethoven, Mozart, Schubert, mes favoris, ont réussi ce prodige d’intégrer à leur musique toute la gamme des ressentis humains.
J’aime particulièrement Bach, car il est la base de tout et un père pour tous. Pour s’initier à sa musique, je préconise d’écouter ses œuvres jouées par Glenn Gould. Michel Corboz a enregistré aussi une belle version de la Messe en si. Quand je me trouve face à une partition de musique, j’essaie de trouver la vérité du compositeur pour la restituer le mieux possible : je traque les signes, les nuances, les phrasés... Peu à peu, je découvre la face cachée du texte et identifie ce que le compositeur a voulu dire. C’est émouvant.
La crise sanitaire génère plein d’annulations de concerts. C’est navrant. Car on ne ressent jamais mieux la musique qu’en l’écoutant en « live ». Dans une salle de concert, on peut capter la vibration des instruments qu’on ne perçoit pas quand la musique est enregistrée, notamment de façon numérique. J’ai tellement regretté tous ces concerts en streaming durant le confinement : j’avais l’impression que la musique devenait l’ombre d’elle-même. »
« Cuisiner sollicite le goût et l’odorat et offre de fabuleux voyages » Annick Jeanmairet,journaliste gastronomique
Les neurosciences n’ont fait que confirmer ce que l’on sait depuis la nuit des temps : le goût et l’odorat sont le centre de nos émotions. Ils nous font faire de fabuleux voyages aussi bien dans notre mémoire, c’est la fameuse Madeleine de Proust, que vers des ailleurs imaginaires. Voilà pourquoi la cuisine, qui allie goût et odorat, permet de décoller de la réalité. Evidemment, pour y parvenir, il ne faut pas aborder l’alimentation à partir de préceptes nutritionnels. Cela n’est pas très inspirant de se mettre à table en se disant qu’on mange pour le bien de son métabolisme. Ma conception de la cuisine est plus sensuelle. Elle s’appuie sur les produits. Les produits de saison, les produits qui nous rappellent les vacances, les produits d’exception, les produits dont on connaît l’histoire, les produits du placard. Quand on se cale sur les saisons, on voyage tout au long de l’année.
Actuellement, c’est la saison de la courge. Rien de tel qu’une bonne soupe à la courge, en y ajoutant un ingrédient inhabituel, comme le gingembre pour s’installer avec gourmandise dans l’automne qui rougeoie. C’est aussi la saison des Vacherins Mont d’Or. Si on le passe au four pour le manger avec des pommes de terre, on a vite fait de se sentir dans une ambiance de chalet. En ce moment, j’ai des envies de voyages en Italie où je suis partie, l’été dernier, avec mon fils. Alors, j’essaie d’y retourner à travers une recette lombarde : un risotto au safran, par exemple.
Autre vecteur de dépaysement : l’aliment exceptionnel. Une fois par an, j’achète avec des amis de la truffe d’automne que je cuisine pour un souper d’exception. Je fais pareil avec le saumon de l’Adour. Nous nous mettons à plusieurs pour goûter à ce poisson rare et délicieux. Mais je voyage aussi à partir d’un produit plus simple, comme la farine. Oui, moi, je suis du genre à me passer de tartines au petit-déjeuner si le pain est quelconque. En revanche, je suis capable de faire des kilomètres pour acheter du bon pain :
un pain qui a été pétri avec une farine antique, pas avec une farine industrielle boostée au gluten difficile à digérer.
Un pain avec du levain qui a pris le temps de lever, puis de cuire doucement au four. Un petit-déjeuner avec du bon pain, c’est un voyage qui commence ! On peut aussi décoller du quotidien en ouvrant ses placards et en se laissant guider par un paquet de lentilles. La cuisine, c’est puissant pour échapper à la monotonie. »
Retrouvez l’émission Pique-Assiette de Annick Jeanmairet tournée dans sa propre cuisine ainsi que sa recette de soupe de courge à la carotte et gingembre.
« Bouger permet de s’évader en soi-même ou hors de soi-même » Philippe Saire, danseur et chorégraphe
La danse permet deux types d’évasion. L’une est intérieure. Il s’agit, dans ce cas, de prendre conscience des mouvements effectués et de percevoir ce qui, dans son corps, est mobilisé pour les réaliser. Où est ma tête quand je monte cet escalier ? Quel est mon contact au sol lorsque je grimpe dans la baignoire ? Comment se positionne mon talon ? Comment s’étire mon abdomen ? Ce travail sur le mouvement redonne de la valeur aux gestes ordinaires et relie le corps à l’environnement. C’est très salutaire pour ne plus se sentir comme une coque de noix ballotée sur la mer. L’autre type d’évasion est plus tonique. Les non-danseurs l’amorcent en prenant appui sur de la musique qu’il est préférable de choisir rythmée et entraînante. Les danseurs sont capables de danser dans le silence en se connectant au rythme qu’ils perçoivent dans leur corps. Là, on ne réfléchit plus.
On laisse le rythme pénétrer son corps et bouger comme il en a envie. Les bras se libèrent, et aussi les jambes, les pieds, la tête. Quand on parvient à se laisser entraîner de la sorte, la sensation d’oubli de tout le reste s’impose. Si on ne sait pas comment bouger, si on se sent limité dans son répertoire de mouvement, on peut utiliser des objets. Détourner la fonction d’une casserole, par exemple, et la faire circuler autour de soi. Cela suppose de ne pas se juger, ni d’avoir peur de paraître ridicule. La mise en mouvement du corps produit à tout âge des endorphines qui vont apporter du plaisir. »
Deux vidéos pour vous donner envie de bouger. Philippe Saire a réalisé onze performances dans la ville de Lausanne pour sortir la danse des théâtres. Plus d'info sur son site internet.
« On s’évade en se souvenant que la vie est faite d’ombre et de lumière » Fabrice Midal, philosophe
Il me paraît important de s’évader du ressassement infernal du nombre de morts du Covid-19, de s’évader de la colère des restrictions qu’on nous impose, de s’évader d’une forme d’immédiateté qui nous étouffe et nous plonge dans le sentiment qu’on ne peut rien faire. Pour y parvenir, il faut prendre de la hauteur. Se souvenir que la vie est une articulation entre l’ombre et la lumière, la joie et le chagrin. Nous sommes conditionnés par l’idée que tout doit aller bien et que si tel n’est pas le cas c’est que nous avons failli. On a tous connu des drames dans nos vies, il faut accepter que vivre est difficile.
La méditation que j’enseigne n’est pas de faire le vide dans sa tête, d’écouter sa respiration, de regarder passer ses pensées comme des nuages dans le ciel, mais d’apprendre à être présent en général et aussi dans les problématiques qui se présentent. La peur de tomber malade, en chômage, est légitime. Mais il faut se souvenir aussi que du positif peut aussi surgir de l’imprévisibilité. L’espoir est fondamental à l’humanité. Luther disait : « Je planterai un pommier qui témoignera quoi qu’il arrive de la profondeur de l’humanité. »
Comment sortir des pensées anxiogènes ? La consigne est archisimple, il n’y a rien à faire. Juste à s’asseoir d’une manière confortable et à sentir. Il ne s’agit pas d’essayer de vivre une expérience particulière, ni de se détendre. Juste d’entrer en rapport avec soi, tel qu’on se trouve à ce moment “J“. »
Dernier livre paru : Comment rester zen quand tout s’effondre ? aux éditions Flammarion/Versilio
Comment la méditation peut-elle nous rendre plus humain ? Journée de stage pour s’initier à la pratique de la pleine présence, le 20 juin 2021 à Neuchâtel.
« Contempler le cheminement d’un scarabée dans le limon pour s’évader dans la poésie » Alexandre Voisard, poète
On a coutume d’imaginer le poète en extase devant sa fenêtre ou couché dans l’herbe comme le sous-préfet de Daudet, les mains offertes à une petite pluie de rimes accompagnées d’images jolies s’arrangeant entre elles pour livrer un petit chef-d’œuvre à la violette. Si j’avais attendu que me vienne l’inspiration, cette grâce venue de Dieu sait où, je n’aurais écrit au mieux qu’une maigre poignée de poèmes. Et encore. Probablement à peine quelques feuillets que je tiendrais au secret d’un album avec une photo d’époque et une fleur séchée. Autre chose que l’inspiration qui viendrait d’en haut ou d’hallucinations produites par des états de conscience modifiée comme Edgar Poe qui abusait de la bouteille, est la contemplation. La contemplation de la nature en son mouvement perpétuel. La contemplation de micro-événements comme le lent cheminement d’un scarabée dans le limon, scène à peine perceptible et si fascinante. Prendre le temps d’observer conduit à une forme de méditation et de ce voyage intérieur, on peut revenir avec des mots. C’est ce qui m’arrive en tout cas. Le poème qui ensuite s’articule sous la plume s’accorde à cette voix intérieure que j’ai en moi depuis toujours et que vous avez peut-être aussi, si vous tendez l’oreille. J’écris partout et en tous temps, parfois sur mes genoux en forêt, dans le train ou sur une table de bistrot. Mais ce qui me convient le mieux est mon bureau, un cocon qui aide à la con-centration et au confinement.
C’est peut-être là le vrai gage d’une rencontre avec soi-même, sans faux-fuyants ni astuces. Se confiner chez soi pour mieux capter les mots et s’élancer dans la poésie. Quand je me lance dans une prose, je poursuis un lièvre, à la trace, avec méthode, en tortue brave et éclairée. Contrairement au lombric qui se répand à loisir en la glèbe, le mot ne fait pas ce qu’il veut sur le tapis. Il attend de s’incarner dans le verbe. Un mot n’est rien. Il n’est qu’une guenille, un leurre, au mieux une coquille. Mais que celui-là en appelle et en accueille un autre à son côté et tout change. Car ces deux-là, sont alors beaucoup plus qu’eux-mêmes. Ici commence le discours, le poème, l’aventure, le sens. »
Derniers recueils parus : L’ordinaire et l’aubaine des mots, aux éditions Empreintes - Des enfants dans les arbres, aux éditions d’Autre Part
À l’occasion de ses 90 ans, Alexandre Voisard présente, jusqu’au 22 novembre, son atelier de poète au Musée de L’Hôtel-Dieu à Porrentruy dans le Canton du Jura.
« Lorsque le monde devient fou, il nous reste la possibilité de nous évader par les livres » Alexandre Jardin, écrivain
Lorsque le monde devient fou, il nous reste la possibilité de nous évader par les livres. En ce moment et depuis une quinzaine de jours, j’envoie trois à quatre livres par jour à la femme que j’aime et qui vit loin de moi. La littérature est l’endroit où le psychisme peut évoluer en toute liberté. Elle n’est pas le lieu de la morale ni celui de la vérité. En tournant les pages d’un livre, on accède à toutes les facettes de notre être. La littérature permet de fréquenter d’autres esprits qui véhiculent d’autres valeurs que les nôtres. Et qui sont sensibles à d’autres aspects du monde et de la société. Voilà pourquoi, il faut pouvoir sauter d’un recueil de poèmes de Ronsard à un roman policier, de Lolita de Nabokov à la douceur d’un livre de Christian Bobin. Dans Les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, par exemple, on a affaire à deux coquins effrayants. Mais leur dinguerie peut faire écho à la nôtre. Passer d’un livre à un autre, nous rappelle que nous sommes des êtres contradictoires. En société, on nous demande un minimum de cohérence, impossible d’être à la fois de gauche et de droite, fidèle et infidèle, un truand et un humaniste. Dans la littérature, on peut être tout cela à la fois. Tous les grands romans sont des réservoirs de vérité. Il y a plus de vérité sur l’amour passion dans La princesse de Clèves que dans un magazine de psychologie. Pourquoi ? Parce que la littérature met des mots sur qui nous sommes.
Quand j’ai écrit mon roman Fanfan où le héros fait une cour éternelle à son amoureuse sans jamais l’embrasser pour ne jamais connaître que le meilleur de l’amour, mon éditeur m’a reproché de ne pas être réaliste. M’affirmant que personne ne se comportait ainsi. Et pourtant des milliers de gens l’ont lu, enchantés de trouver un chemin correspondant à un désir enfoui. A la suite du livre sur mon grand-père collabo, Des gens très bien, dans lequel j’évoquais l’importance de ne pas laisser grossir les non-dits au sein des familles, j’ai reçu des kilomètres de lettres de gens me racontant leur secret de famille. La littérature n’est pas une simple distraction. C’est une évasion qui nous conduit vers nous. Dans la pile de livres qu’il y a près de moi en ce moment, on trouve Les adieux à la reine de Chantal Thomas, Celle que vous croyez de Camille Laurens, Un singe en hiver de Antoine Blondin, Les Caractères de La Bruyère et un roman de Sagan. Dès qu’on croit que la vie est sérieuse, il faut relire Françoise Sagan. »
Dernier roman paru : Française, aux éditions Albin Michel
Véronique Châtel
illustrations, Ludivine Zeugin