Se mettre à la place de l’autre constitue un excellent moyen de savoir ce qu’il peut vivre. C’est sur ce principe que l’association Prendsaplace! a réalisé un spot choc, et prodigue des cours de sensibilisation aux étudiants des écoles de soin valaisannes. L’objectif étant de les informer pour prévenir les violences à l’égard des seniors vivant en EMS ou hospitalisés. C’est ce que rappelle le quotidien Le Matin du 07 mars 2017, qui a assisté à l’une de ces formations à l’École professionnelle de Châteauneuf (VS).

A côté de la partie théorique, la sensibilisation se fait de façon pratique, notamment à l’aide de boîtes fabriquées artisanalement. Ces sortes de chambres de maison de poupée montrent des scènes de la vie ordinaire en EMS. Comme celle de ce vieillard nu sur son lit à qui l’on fait sa toilette. Ou cette femme forcée à manger par une soignante. Des réalités qui ne sont pas rares, puisque l'on estime à 300 000 le nombre de victimes de la maltraitance des plus de 65 ans en Suisse !

Spot choc

Ce sont ces situations si difficiles à vivre pour les seniors que Prendsaplace! a aussi mises en scène dans son spot de sensibilisation choc, «Maltraitance envers les personnes âgées», diffusé depuis 2015 sur son site et sur YouTube. Des scènes insoutenables, mais nécessaires, comme cette femme qu’on contraint à faire sa toilette en présence d’une soignante, cette autre femme démente partie dans la nature, qu’on veut ramener de force dans l’établissement, ou cette pensionnaire aimant la peinture, mais qui est attachée et baillonnée...

Le spot traite également de la solitude des personnes âgées, qui les mène parfois jusqu’au suicide, ou encore du deuil de leurs proches, qu’on les empêche parfois de faire à leur manière en EMS, ou des personnes forcées à entrer en EMS par leurs proches.

Source: YouTube

C’est l’ infirmière valaisanne, Sophie Lattion qui a créée cette association, avec siège à Vionnaz (VS), après avoir été témoin de maltraitances graves, qu’elle avait dénoncées, mais que sa hiérarchie avait minimisée sans empêcher que cela se reproduise, comme elle l’a raconté au Matin. La violence à l’égard des personnes âgées n’est en effet souvent pas intentionnelle, mais justement due à un manque de formation, à la négligence et au stress auquel sont soumis les employés soignants des EMS et hôpitaux.

Pour des contrôles impromptus en EMS

Comme on peut le lire sur le site de l’association, elle «veut diffuser des informations mais surtout faire passer le message que la connaissance personnelle d’un individu sur ses capacités et ses fonctionnements cognitifs est à la base de la bientraitance.  C’est dans ce sens que nous travaillons avec les soignants et les proches aidants. »

Et Prendsaplace! prône l’obligation de contrôles inopinés dans les institutions de soins : « Les paysans sont contrôlés minutieusement et le bétail est plus surveillé que nos personnes âgées!!! » comme l’expliquent les responsables de l’association sur leur site: « La majorité des plaintes de familles ou d’employés sont gelées soit directement par la direction elle-même, soit, si cela va plus loin, par la présidence. L’étouffement des dénonciations est spontanée et les dysfonctionnements sont nombreux de part et d’autres du système. »

Conseils aux proches

Pour détecter d’éventuelles maltraitance, l'association enjoint les familles à rester attentives à leurs proches en EMS, à les questionner sur ce qu’elles vivent durant les repas, les soins, sachant qu’ils n’osent souvent pas en parler, par peur de mesures de rétorsion. A rechercher aussi : des signes physiques de maltraitance (hématomes, blessures). En cas de soupçon de maltraitance, rappelons encore qu'on peut  s'adresser à AlterEgo, association romande et latine pour la prévention de la maltraitance des personnes âgées.

Informations: Association Prendsaplace.com

Source: Le Matin 7.3.2017

E.W./com

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