Notre sélection de bandes dessinées pour Noël

♦ Espionnage à Berlin

Du classique absolu et une très bonne cuvée, vraiment, avec l’habituel Blake et Mortimer d’avant les Fêtes. Cette fois, invité en Oural par une amie archéologue sur un chantier supposé extraordinaire, le bon professeur se retrouve devant des cadavres et entre les mains d’un savant fou. Pendant ce temps, le chef du MI5 fait un crochet par la Suisse pour une réunion sur le Léman, à bord du bateau Belle-Epoque Vevey. Avec ses collègues français et américains, il prépare la venue historique de Kennedy à Berlin. Le hic, c’est que le méchant de toujours, Olrick, rode dans les parages avec de mauvaises intentions bien sûr. Le capitaine va devoir se rendre derrière le Mur gardé par les redoutables Vopos. 

>> Huit heures à Berlin, Editions Blake et Mortimer

♦ Sortez les mouchoirs!

Adapté du roman de Julien Sandrel, La chambre des merveilles est émouvant à souhait. Après un accident, Louis, 12 ans, est plongé dans le coma. Sa mère s’écroule, plonge dans l’alcool, mais, heureusement, la grand-maman est là pour la remettre sur les rails. Formidables de résilience, les deux femmes vont réaliser tous les rêves que le jeune garçon avait consignés dans un cahier avant d’être renversé. C’est touchant, drôle avec, par exemple, un karakoé ou une séance de tatouage au Japon, une color run, voire une rencontre avec la star de la chanson Maître Gims. Oui, en lisant le combat mené par cette mère, on a eu une larme au coin de l’œil.

>> La chambre des merveilles, Editions Grand Angle, Bamboo

♦ Le goût du polar 1950

Cela a le goût du polar des années cinquante. Mais le tome de 2 de Noir burlesque vient bien de sortir de presse, dû au talent du dessinateur Marini qu’on ne présente plus: Le Scorpion, Les Aigles de Rome. Premier francophone à avoir été choisi pour réaliser un Batman, il s’essaie donc avec succès à un autre genre, en noir et blanc, à l’exception d’un rouge soutenu pour souligner certaines cases. Quant à l’intrigue, on y retrouve tous les ingrédients des policiers de l’époque: une fille sexy et vénéneuse en diable, des gangsters, un héros à qui on ne la fait pas sans oublier des décors et des voitures américaines, du jazz, du whisky et des cigarettes. Une totale réussite.

>> Noir burlesque, tome 2, Editions Dargaud 

♦ Dickens, what else?

Adapté d’un roman de Charles Dickens, Un chant de Noël ne pouvait qu’être une réussite. Enfin, à condition que le dessin soit à la hauteur et c’est le cas grâce à José-Louis Munuera qui a aussi choisi de changer le genre de l’avare de service, au cœur aussi sec qu’un vieux Läckerli. Scrooge est ainsi remplacé par Elizabeth, sinistre capitaliste imperméable à la magie de Noël. La morale de l’histoire est plus complexe que celle d’un téléfilm diffusé pour les Fêtes, la dame changera, mais jusqu’à quel point? En attendant, on ne se lasse pas de redécouvrir l’univers de cet immense écrivain.

>> Un chant de Noël, une histoire de fantômes, Editions Dargaud

♦ Dans les grandes plaines

Les guerres indiennes sont terminées. Sauf pour un trio composé curieusement d’une native, d’un métis et d’un Irlandais qui refusent de se soumettre et iront jusqu’au bout de leur chemin marqué de coups de feu et de sang. Une errance désespérée à laquelle devra se joindre un jeune garçon bien malgré lui. On a craqué littéralement pour cet album aux dessins somptueux, cette promenade dans les grandes plaines. Du coup, on retrouve notre âme d’enfant qui se projetait dans nos premières lectures.

>> Hoka Hey, Label 619, Editions rue de Sèvres

Jean-Marc Rapaz