Frédéric Beigbeder, un hétéro légèrement dépassé

La couverture du dernier livre de Frédéric Beigbeder et un (autre) portrait de l'auteur. © DR
L’écrivain Frédéric Beigbeder, ex-pilier de la jet-set parisienne, se la joue repenti dans son dernier ouvrage Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé. Qui fera du bien à plein d’hommes désormais perdus dans notre société frappée par le wokisme. Une lecture salutaire et drôle.
Il s’est noyé dans des flots d’alcool, immergé dans des avalanches de poudre et a dragué comme une bête tout ce qui bougeait. Parce qu’il pensait alors que c’était branché. Aujourd’hui, père de deux petites filles, il s’est éloigné de Paris pour fuir les tentations et essaie de jouer les bons époux. Mieux, il tente de se faire passer pour un repenti dans son dernier ouvrage: Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé. Faut-il croire pour autant Frédéric Beigbeder guéri de ses addictions? A le lire, lui-même semble en douter. Raison de plus pour se plonger dans cet essai qui paraîtra très certainement des plus pertinents à nombre de boomers.
Le dandy à la barbe poivre et sel aurait donc mis de l’eau dans son champagne. Il a réalisé qu’il approche de la soixantaine, s’est pris un diabète de type 1 dans la tronche et, surtout, il n’est plus à la page. Beigbeder ringard? Un comble pour ce fêtard invétéré au nez plus blanc que blanc dans ses grandes années. Tant que faire se peut, Il essaie donc de rentrer dans le rang. Et de nous raconter avec sincérité son court séjour dans un monastère, puis dans une caserne. Raté, il l’avoue, ce n’est pas avec les militaires qu’on peut devenir membre de la Croix-Bleue.
Reste que celui qui est aussi critique au Figaro Magazine et sur France Inter, romancier reconnu, en a peut-être fini avec ses amours stupéfiants – il l’espère – mais il doit encore faire face à la plus importante de ses addictions: les femmes. Les femmes qu’il ne comprend plus guère depuis la vague #MeToo qui a fait de chaque homme un violeur en puissance. Certes, le mâle est un chacal, dit-il, voyant dans chaque représentante de l’autre sexe un objet de désir, mais c’est dans sa nature. Et de saluer tous ceux qui combattent au quotidien leur instinct en cette époque où l’homophobie est devenue un délit alors que l’hétérophobie est désormais la norme.
Jean-Marc Rapaz
>> Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé, en librairie dès le 6 avril, Editions Albin Michel