A 106 ans, elle fait la Une de "Vogue"!

Comment Apo Whang-Od, tatoueuse, Philippine de 106 ans, s’est-elle retrouvée en couverture du célèbre magazine Vogue? C’est simple et confondant: elle est un patrimoine à elle seule, puisque qu’elle est l’une des dernières à pratiquer son art du tatouage tribal ancestral. Originaire de Buscalan, un village isolé situé dans les montagnes des Philippines, à environ 15 heures de la capitale Manille, elle fait perdurer la tradition du «mambabatoc», après avoir commencé à l’âge de 16 ans. Depuis, chaque jour, elle tatoue avec ses instruments, une épine de pomelo, un bâton de bambou de plusieurs mètres, du charbon et de l’eau. L’encre est enfoncée dans la peau, en utilisant l’épine, et le bambou pour l’insérer. Les résultats sont des motifs permanents, lignes et figures tribales qui racontent la vie des gens au fil des ans, valorisant, à l’origine, la beauté et la fécondité pour les femmes, tandis qu’ils symbolisent le courage pour les hommes.

Pour se faire tatouer par elle, les gens viennent de toutes les Philippines et d’ailleurs. Réservé depuis toujours aux maîtres tatoueurs masculins, cet art «mambabatok» ne serait pratiqué que par une seule femme aujourd’hui. Apo Whang-Od, raconte le magazine, s’efforce de transmettre ses connaissances aux nouvelles générations. En particulier sa petite-nièce, qui a ouvert un studio de tatouage avec sa cousine, puisque cet art ne peut se transmettre qu’entre parents de sang. Joli coup donc pour Vogue, qui, depuis la publication du magazine et de la couverture sur les réseaux sociaux, multiplie son audience en valorisant une figure d’exception. Une artiste, une femme, une centenaire. Le pèlerinage à Buscalan, son village, risque, lui, de subir une légère inflation dans les mois à venir. (B.W.)