40 ans plus tard, Myriam enlève à nouveau le haut!

La séance photo de Myriam, 40 ans après, a eu lieu à Porto, dans un studio. Et non pas dans un décor naturel comme en 1981. © DR
Quand les campagnes d’affichage nous font des clins d’œil, elles nous inspirent des rencontres. Nous avons retrouvé Myriam qui, aujourd’hui comme il y a 40 ans, enlève le haut.
C’est une histoire que les plus de 55 ans apprécieront particulièrement. Car elle fait appel à un souvenir qui remonte à 1981. A la fin août de cette année-là, ceux qui traversent la France découvrent sur les panneaux d’affichage des villes, une jolie brune en bikini, un sourire malicieux sur les lèvres et les mains sur les hanches, promettant d’enlever le haut quelques jours plus tard. Stupéfaction. Qui était cette jeune femme? Mystère. Et de quel haut parlait-elle? Personne n’était vraiment sûr de comprendre… même si le parfum des années septante et de la libération sexuelle était encore très présent. Mais chose promise, chose due. Le 2 septembre, revoilà la jeune femme sur les affiches, cette fois sans le haut de son maillot de bain et promettant que, deux jours plus tard, elle enlèverait le bas. Ebahissement!
La séquence des trois affiches de 1981 où Myriam a révélé le concept du «teasing». © DR
La brunette serait-elle cap’ de faire ce qu’elle disait? La preuve que oui est tombée deux jours plus tard. Le 4 septembre, sa belle paire de fesses bronzées allumait la France entière. Et, cette fois, un message expliquait la mise en scène. Il s’agissait d’une campagne de pub pour l’afficheur Avenir qui, par le biais des promesses tenues par Myriam, (son prénom finit par être connu), avait fait la démonstration de sa fiabilité.
Fin de l’histoire. Enfin… pas vraiment. Elle vient de connaître un rebondissement en novembre dernier. Myriam, avec quarante et un ans de plus, est revenue hanter les villes françaises en bikini et en promettant à nouveau d’enlever le haut. Seuls les boomers ont compris le clin d’œil. Deux jours plus tard, nouvelle affiche, mais, cette fois, Myriam s’est révélée plus facétieuse. Ce n’était pas le haut de son bikini qu’elle avait retiré, seulement le haut de l’affiche. L’afficheur Giraudy, encore lui, a souhaité montrer cette fois qu’il était non seulement toujours inventif pour communiquer avec les gens, toujours fiable, mais que, en plus, il s’était adapté aux mœurs de la société.
Cette fois, la belle brune a gardé son maillot. «J’aurais refusé, sinon. L’époque a changé: l’effet de ma nudité aurait eu des conséquences difficiles à gérer», reconnait-elle. © DR
Aujourd’hui, plus question de sexualiser le corps féminin. «Cette campagne fait la démonstration de la créativité du média affichage et se félicite du fait que, en 2022, Myriam ne montre à la France entière ni ses seins ni ses fesses!», explique un communiqué de presse. Tant qu’à ne plus considérer Myriam comme un symbole de l’exploitation du corps féminin à des fins commerciales, pourquoi ne pas enfin faire sa connaissance? Retrouver sa trace n’a pas été trop difficile. L’agence LGM&co chargée de la prise de vue s’est montrée coopérative.
Allô Porto? Bonjour Myriam. C’est en effet au Portugal que la désormais sexagénaire vit sous le nom de Yumma Mudra. Elle accepte volontiers de raconter l’épopée Myriam épisode 1 et 2. Mais pas que. Elle parle aussi de son père, le sculpteur Laszlo Szabo, aujourd’hui décédé, qui a vécu et travaillé en Suisse après avoir fui la Hongrie. «Je suis l’une de ses trente enfants! J’ai longtemps cherché à deviner si, derrière les gens que je croisais, il n’y avait pas un frère ou une sœur», rigole-t-elle. Sa mère, dont elle prend soin, vit à ses côtés au Portugal.
Buzz inattendu
Mais retour dans le passé… En 1981, Myriam, 20 ans, est mannequin à Paris et court les castings. Elle tombe sur celui de l’agence Avenir pour Giraudy et se présente. «Mon ex-petit-ami de l’époque, un photographe plus âgé que moi dont je venais de me séparer, était fâché que je pose ma candidature. Mais j’avais besoin d’argent. Je voulais financer des cours dans une école de bouddhisme.» Bingo! Myriam est choisie et la voilà qui s’envole pour les Bahamas où devait se dérouler la prise de vue. «J’avais quelques jours pour bronzer en intégral. Mais le nudisme étant interdit sur les plages, il a fallu que deux gars de l’équipe technique m’encadrent et surveillent les lieux!» Quand sa peau fut suffisamment dorée, Myriam posa, les pieds dans l’eau, dans le plus grand naturel: sans maquillage ni coiffeur.
«J’étais loin d’imaginer que cette photo ferait un buzz pareil. Mais je ne l’ai jamais regrettée: je l’ai toujours trouvée digne.» Sa beauté lui attirera d’autres propositions de photos, moins dignes, notamment de la part du magazine Playboy, mais Myriam refuse tout. D’ailleurs le mannequinat ne la tente plus. Elle rêve de pureté et de vie saine. Elle s’envole faire une retraite bouddhiste et disparaît pendant un an.
Méditation et écriture
Ensuite, elle rencontre un bouddhiste portugais qui l’emmène dans son pays. «Je me suis mariée et j’ai mené une carrière de danseuse, puis d’organisatrice de festivals de danse.» Aujourd’hui, Myriam médite et écrit. Elle vient de publier un livre, L’île de Bee*, où elle fait coexister trois personnages féminins, dont la plus âgée, une octogénaire vit complètement nue. «J’ai un rapport décontracté avec mon corps. Plus encore qu’à 20 ans. Je me sens bien moins complexée aujourd’hui. La pratique de la danse n’y est sans doute pas étrangère. M’afficher en bikini à 61 ans pour cette nouvelle campagne ne m’a posé aucun problème.» Qui sait alors si nous ne reverrons pas Myriam dans dix ans?
Véronique Châtel
>> * A lire: L’ile de Bee ou la béance des sens, Yumma Mudra, Editions Le Souffle d’or