L'Etat de Vaud fait-il de l'âgisme?
L’Etat de Vaud prendrait-il les vieux pour des ringards? C’est ce qu’estime Pascal Meylan, professeur honoraire en médecine de l’UNIL qui s’est étranglé en tombant sur la vidéo de promotion vaudoise pour remplir sa déclaration d’impôts. «Il faut être d’une bêtise crasse pour tourner ça!» Qui voit-on? On y découvre un couple d’une soixantaine d’années avec leur fille dans la trentaine. Cette dernière tente de les convaincre d’utiliser la plateforme tout en pointant systématiquement et en filigrane leur ignorance face à une société qui se technologise toujours plus.
Pour le retraité, qui n’a pas manqué de faire part de son mécontentement auprès de l’Autorité cantonale concernée, cette mise en scène est pathétique: selon lui, les propos tenus par les protagonistes témoignent «d’une certaine insensibilité entre les générations qui est insupportable».
>> Voir la vidéo de VaudTax sur YouTube:
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L'air de rien
Durant de longues minutes, les acteurs du clip soulignent — l’air de rien — les soi-distantes difficultés que les personnes âgées pourraient rencontrer en remplissant leur déclaration fiscale. Difficulté à la lecture, lenteur à la compréhension, manque d’adaptation au numérique… «Mais toi, lance le sexagénaire à sa fille, tu sais comment ça va avec les ordinateurs! ça va nous prendre trois fois plus de temps qu’à toi», entend-t-on dans la vidéo. «On ne voit rien sur le téléphone c’est trop petit», se désole pour sa part la mère. «La réalité, c’est qu’il y a des personnes vulnérables à toutes les classes d’âge, tranche Pascal Meylan. Il convient d’éviter que la répartition des compétences soit une affaire d’âge.»
Interpellée par générations, la Direction générale de la fiscalité vaudoise explique que «le but de cette vidéo est de faire connaître la prestation en ligne et ses avantages et que c’est pourquoi elle se veut un peu «décalée». En somme, poursuit-elle, il ne s’agit pas d’y expliquer le fonctionnement de VaudTax mais de promouvoir une prestation qui offre de nombreux avantages, pour l’ensemble des contribuables quel que soit leur âge.» Quid alors de l’âgisme ressenti par M. Meylan et des stéréotypes qu’il dénonce? La Direction affirme «ne pas partager» ce point de vue.
Valérie Dittli, conseillère d’Etat, a elle aussi été interpellée par Pascal Meylan, qui reprochait également la faiblesse de l’outil. Elle lui répond en date du 9 février, en affirmant que «la déclaration d’impôts pourra continuer d’être remplie par le logiciel VaudTax22 téléchargeable». Mais sans donner de précision sur le délai. Sur le fond en question, en revanche, c’est motus et bouche cousue. Pas un mot sur le caractère «âgiste» de la vidéo, puisqu’elle se contente d’accuser réception de la critique.
Peu satisfait, Pascal Meylan pointe enfin le manque de sécurité des données inscrites. Il aurait, selon lui, été plus judicieux de mettre en place un système de contrôle à deux accès, comme c’est de coutume pour les comptes bancaires. L’administration, qui se veut attentive, lui explique qu’une «fonction d’aide est à disposition des citoyens en cas de demande d’information sur le fonctionnement de la plateforme», ajouté à un guichet physique ou téléphonique qui est toujours disponible pour aider les contribuables. Les plus âgés seulement?
